Les cannes de Marie-Galante seront vendues à la SRMG et travaillées à façon par Gardel

Les 69 000 tonnes de cannes toujours sur pied à Marie-Galante seront achetées par la SRMG et sous-traitées par Gardel. Les modalités techniques et financières du transfert seront arrêtées ce 30 avril, lors de la deuxième réunion de la cellule de crise. 

Nous en saurons plus ce vendredi 30 avril sur les conditions techniques et financières de l’acheminement des cannes de Marie-Galante encore debout vers la sucrerie Gardel au Moule. Elles seront arrêtées par la cellule de crise, qui tient sa deuxième réunion à partir de 14h, en visio-conférence. Présidée par le sous-préfet de Pointe-à-Pitre, cette cellule regroupe les représentants des deux usines (Sucrerie-Rhumerie de Marie-Galante et Gardel), la SICAMA (coopérative des planteurs de Marie-Galante), l’interprofession Iguacanne, le Centre technique de la canne à sucre, la Région, le Département et la Communauté des communes de Marie-Galante. Lors de leur première rencontre mardi 27 avril, tous ces acteurs ont opté, de façon unanime, pour ce transfert des 69 000 tonnes de cannes restant à récolter sur l’île.

Les cannes seront achetées par la SRMG

Une décision importante a été actée : les planteurs de Marie-Galante ne vont pas vendre leurs cannes à Gardel, mais bien à la SRMG, qui va ensuite les faire broyer par la sucrerie du Moule, selon le principe du travail à façon, prestation qui sera donc facturée par la SA Gardel. La proposition a été faite par la direction de Gardel et acceptée par le principal actionnaire de la SRMG.

Cette forme de sous-traitance permettra à la Sucrerie-Rhumerie de Marie-Galante de conserver ses contrats sucriers, sur le marché local et à l’export, mais aussi de récupérer sa mélasse pour le rhum, et de continuer à percevoir les aides POSEI liées à la transformation.

Les cannes seront donc livrées comme d’habitude à Grande-Anse, où se feront la pesée et la mesure saccharimétrique de chaque chariot, afin de déterminer le paiement des planteurs. Mais selon la durée du transport, la richesse pourrait diminuer, même si cette dégradation est moindre pour les cannes dites « longues », c’est-à-dire coupées à la main, comme c’est le cas pour l’essentiel des parcelles à Marie-Galante. Un deuxième prélèvement sera ainsi effectué à Gardel, et c’est sur le potentiel en saccharose des cannes à l’arrivée que seront calculés les volumes de sucre à restituer à la SRMG, sachant que Gardel a une plus grande capacité d’extraction que Grande-Anse.

Relancer la récolte d’ici le 15 mai

Le groupe de travail en charge d’étudier la logistique dira aujourd’hui si les cannes, sur la ou les barges, seront chargées en vrac ou directement dans des remorques de titans. Une vingtaine de camions seraient disponibles pour assurer ce transport. Autre réponse attendue : le coût du transfert et sa prise en charge par les collectivités et pouvoirs publics, étant entendu que « les planteurs de Marie-Galante qui livreront leurs cannes à l’usine de Gardel ne devront pas supporter des frais de récolte supplémentaires », insiste la SICAMA, dans le courrier adressé le 26 avril au préfet.

Pour absorber les 69 000 tonnes de cannes de Marie-Galante, Gardel s’engage à en traiter environ mille par jour, ce qui suppose à la fois une augmentation de sa cadence, actuellement de 4 800 tonnes/jour, et un allongement de la campagne jusqu’à mi, voire fin juillet, la récolte sur le « continent » étant réalisée à 37 %, avec environ 250 000 tonnes encore à broyer, sur les 435 000 attendues cette année. La cellule de crise s’est donnée comme objectif de relancer la récolte sur la grande galette aux alentours du 10 mai…

Soutien des coopératives du « continent »

Dans un communiqué, les présidents des trois SICA cannières de la Guadeloupe dite continentale (SICADEG pour le nord Grande-Terre, SICAGRA pour le sud et centre Grande-Terre et UDCAG pour la Basse-Terre) témoignent de leur « soutien et de leur totale solidarité » à leur homologue de la SICAMA. Elles partagent sa position d’envisager, « exceptionnellement pour 2021, le convoyage des cannes de Marie-Galante vers l’usine Gardel, afin d’éviter aux planteurs marie-galantais une campagne blanche, dont les conséquences seraient dévastatrices et catastrophiques pour tous les partenaires de la filière canne ». Une filière qui est « une et indivisible », rappellent les présidents des trois coopératives. « A ce titre, elle ne saurait supporter l’idée que 70 000 tonnes de cannes puissent rester sur pied à Marie-Galante, occasionnant d’énormes pertes économiques, agronomiques et sociales », écrivent François Jean-Marie, Franck Buffon et Roméo Meynard.La commission mixte de chaque bassin se réunit ces jours-ci pour réorganiser la récolte, avec l’usinier et les opérateurs de coupe, afin de tenir compte du millier de tonnes de cannes marie-galantaises qui devront s’ajouter aux quotas journaliers du « continent »...