Un responsable du gouvernement a déclaré à l'Associated Press que Normil Rameau, ancien chef de la police, a été nommé pour reprendre la tête du département essentiel mais largement sous-financé et mal équipé. Il avait précédemment occupé ce poste avant d'être démis de ses fonctions, il y a près de quatre ans.
La décision intervient dans un contexte de violence croissante des gangs qui a coûté la vie à de nombreux policiers et civils. Selon un rapport de l'Organisation des Nations Unies, la Police nationale d’Haïti, la PNH compte seulement environ 4 000 agents en service dans un pays de plus de 11 millions d’habitants.
Depuis le début de l'année, plus de 2 500 personnes ont été tuées ou blessées à travers Haïti en raison de cette escalade de la violence. Parmi les victimes, près d'une vingtaine de policiers ont été tués par des gangs mieux équipés qui contrôlent désormais 80 % de Port-au-Prince. Les récents homicides incluent trois agents d'une unité tactique anti-gang nouvellement créée, avec un quatrième toujours porté disparu.
Depuis 2015, plus de 320 policiers ont perdu la vie, dont 120 sous l’administration Elbé, selon une enquête récente du Réseau national pour la défense des droits de l’homme. La nomination de Normil Rameau coïncide avec l'installation d'un nouveau Premier ministre, Garry Conille, et un cabinet nouvellement sélectionné, soutenus par un conseil présidentiel de transition.
Normil Rameau, qui a été directeur général de la police sous l'ancien président assassiné Jovenel Moïse, avait été évincé de son poste en novembre 2020 pour incompétence présumée alors que les gangs prenaient de plus en plus de territoires.
Le Bureau de protection des citoyens d'Haïti a salué la sélection de Normil Rameau et exigé des actions immédiates pour contrer les gangs et établir un plan de sécurité efficace. Il a également appelé la police à pousser les autorités judiciaires à enquêter sur les meurtres de citoyens et les évasions massives de prisonniers orchestrées par les gangs.
Les syndicats de la police haïtienne ont vivement critiqué l'administration précédente et ont appelé à des réformes urgentes. Ils ont souligné l'incendie et l'attaque de plus de 30 commissariats au cours des derniers mois comme preuve de la détérioration de la sécurité publique. Le porte-parole de l'un des syndicats va même plus loin. Garry Jean-Baptiste, a déploré l'état de la police nationale, déclarant que la corruption et l'incompétence ont entravé son développement.
Le nouveau Premier ministre Garry Conille, lors d'une patrouille avec la police le 2 juin, a constaté de première main les défis auxquels le pays est confronté. Les syndicats espèrent qu'il comprendra la nécessité de changements à la tête de la police pour restaurer l'ordre et la sécurité.
La communauté internationale a fourni diverses formations et ressources pour soutenir la PNH, qui attend également le déploiement d’une force de police kenyane, soutenue par l’ONU, pour aider à contenir la violence des gangs. Une enquête du Réseau national de défense des droits de l'homme a révélé des problèmes persistants tels que les salaires impayés, l'absence de soins de santé et le manque de soutien psychologique pour les agents, ainsi que la connivence entre certains policiers et les criminels.
Face à cette situation critique, Normil Rameau est maintenant chargé de redresser une institution en crise et de restaurer la sécurité dans un pays plongé dans la tourmente.