Les Etats-Unis prennent des sanctions contre l'ancien président haïtien Michel Martelly

Le président d'Haïti Michel Martelly
Le gouvernement américain a annoncé mardi une série de sanctions visant l'ex-président haïtien Michel Martelly, l'accusant d'implication dans le trafic de drogues et d'avoir joué ainsi un rôle "important" dans la crise politique et sécuritaire qui frappe le pays.

Président entre 2011 et 2016, Michel Martelly est accusé par Washington d'avoir "créé un environnement permettant les activités de trafic de drogue et fait du pays un point de transit pour les drogues illicites entrant aux Etats-Unis", a justifié le département du Trésor dans un communiqué.
"Les décisions à l'encontre de M. Martelly mettent en lumière le rôle important et déstabilisateur qu'il, et d'autres membres corrompus de l'élite politique, ont joué dans la perpétuation de la crise actuelle en Haïti", a dénoncé le sous-secrétaire par intérim en charge du Terrorisme et du Renseignement financier, Bradley Smith, cité dans le communiqué.

Le département du Trésor estime que, plus largement, une part importante de la classe politique, ainsi que des entrepreneurs, a participé au trafic de drogue, notamment en s'appuyant ou en soutenant des gangs.

Interdition de se rendre aux Etats-Unis

Les sanctions américaines concernent le gel de l'ensemble des avoirs détenus directement ou indirectement par Michel Martelly aux Etats-Unis, ainsi que l'interdiction pour toute personne ou entreprise américaine de faire affaire avec lui.
Les sanctions incluent également l'interdiction pour l'ancien président de se rendre aux Etats-Unis, où les élites haïtiennes vont très régulièrement, selon le département d'Etat. 

Les sanctions prises par les Etats-Unis et d'autres pays contre des personnalités ou des chefs de gangs en Haïti ont toutefois un impact "extrêmement limité" selon l'ONU.

Début juillet, Washington a appelé à renforcer les sanctions contre les gangs dans le pays.

Une crise qui dure

Ces derniers mois, les violences à Port-au-Prince ont provoqué une grave crise humanitaire, le pays comptant, selon l'ONU, près de 600 000 déplacés.
Contrôlant 80% de la capitale et des grands axes du pays, les bandes armées sont accusées de nombreux meurtres, viols, pillages et enlèvements contre rançon, une situation qui s'est aggravée en début d'année, lorsqu'elles ont décidé d'unir leurs forces pour renverser l'ancien Premier ministre très contesté Ariel Henry.

Depuis sa démission, des autorités transitoires ont été mises en place pour s'atteler à remettre le pays sur pied, avec l'appui d'une force multinationale menée par le Kenya, une mission soutenue par l'ONU dont la tâche sera immense.