Les fossoyeurs de Guadeloupe entre hausse d'activité et manque de place pour les nouvelles sépultures

Comme les morgues, les états civils des mairies et les pompes funèbres, les cimetières sont débordés. A la faveur de la 4ème vague de Covid-19, le nombre de morts a considérablement augmenté, ces dernières semaines. L'archipel croule sous les demandes de sépultures. L'exemple aux Abymes :

Dans tous les cimetières de l'archipel, la situation est tendue.

La faute à l'épidémie de Covid-19, dont la quatrième vague se révèle particulièrement meurtrière, depuis plusieurs semaines.
En l'espace de quinze jours (du 16 au 29 août 2021), 225 personnes ont succombé à la maladie, en Guadeloupe, uniquement dans les centres hospitaliers. Des dizaines d'autres ont perdu la vie, dans l'anonymat de leur domicile, après avoir contracté cette maladie.

Le manque d'espace, dans les lieux de sépultures, non-extensibles, est une préoccupation majeure de la municipalité. Il faut pourtant bien faire avec l'existant.

Où enterrer nos morts ?

Désormais, au cimetière de Boisripeaux, aux Abymes, il faut creuser là où on n'aurait jamais pensé installer des sépultures.
Mais faute de place ailleurs, les marteaux-piqueurs sont entrés en action, pour tenter de venir à bout de parcelles rocailleuses, moins hospitalières donc qu'ailleurs en ces lieux.

Il n'y a de place nulle part ! C'est la première fois que je vois cela ! Il y a eu 5 enterrements aujourd'hui. Hier, il y en a eu 6. Et, avant-hier, 7 !

David Blombou, fossoyeur.

Les fossoyeurs sont en première ligne, dans la recherche de solutions ; ces professionnels sont un maillon indispensable à la chaîne funéraire.

David Blonbou fait partie de ces opérateurs funéraires. Sa petite entreprise tourne à plein régime, depuis le début de la pandémie.

C'est une situation vraiment particulière. C'est catastrophique...

David Blombou, fossoyeur.

Alors que les morts se comptent par plusieurs dizaines, cet opérateur est confronté, comme ses confrères et, par extension, le reste de la population, au manque de places, à l'ambiance anxiogène du moment et à la douleur engendrée par la situation.

En une semaine, on peut faire 16 à 18 décès, voire même un peu plus ; ça dépend des entreprises. Mais, comme on dit ; c'est pas facile. Je me suis déjà forgé un caractère, avec l'expérience. Mais, vous savez, il y a des moments où c'est vraiment difficile. Quand on rentre à la maison, on est hyper fatigués. C'est la famille, les enfants qui réconfortent. Si on n'a pas cela, je ne pense pas qu'on puisse faire ce travail, on ne pourra pas être bien.

David Blombou, fossoyeur.


Un secteur d'activité lucratif malgré tout

Cela dit, il ne faut pas perdre de vue que les entreprises de fossoyage sont avant tout des structures économiques ; leur modèle est basé sur le nombre de morts traités à la semaine, au mois ou à l'année.
Alors, aussi triste que cela puisse paraître, la crise sanitaire fait figure d'aubaine : les chiffres d'affaires explosent les gains habituellement réalisés.
Une réalité que David Blombou admet avec retenue.

  Oui, on ne va pas le cacher. Ca rapporte. Mais, comme on dit, avant de voir que ça rapporte, c'est vraiment malheureux. Je compatis à la douleur des familles. C'est pas facile.

David Blombou, fossoyeur.

Qu'on le veuille ou non, au regard de la situation sanitaire, au regard du nombre de décès enregistrés quotidiennement, ces entreprises ont encore de beaux jours devant elles... malheureusement.

 

A écouter : 

Témoignage de David Blombou