C’est par la peur que règnent les gangs qui contrôlent une grande partie de la capitale d’Haïti. Ainsi, outre l’usage inconsidéré des armes à feu, les membres de ces bandes criminelles multiplient les viols, y compris les viols collectifs, et les violences sexuelles, pour "étendre leurs zones d'influence, dans toute la métropole de Port-au-Prince", alors que le pays est déjà miné par l'insécurité, s'est alarmé l'ONU dans un rapport publié vendredi 14 octobre 2022.
Les auteurs de ces faits profitent par ailleurs d’une "impunité généralisée".
Et "de façon alarmante, le nombre de cas augmente de jour en jour", s'est inquiété dans un communiqué Nada Al-Nashif, la Haute-Commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU par intérim.
Les agresseurs s’en prennent tant à des enfants "d'à peine 10 ans" et à "des femmes âgées" ; certaines victimes "ont été mutilées et exécutées après avoir été violées", détaille le rapport conjoint du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH) et du bureau de l'ONU en Haïti.
Cherchant à "renforcer leur position de pouvoir", les gangs commettent des enlèvements de femmes et de filles, alors victimes de viols ou menaces de viols, contre demande de rançon à la famille.
Le rapport pointe également le cas de femmes "encouragées" à avoir des "rapports non consensuels avec des éléments de gang en échanges d'avantages en espèces", de l’eau et de la nourriture notamment, alors que le pays est plongé dans une profonde pauvreté.
En effet, pour la première fois en Haïti, quelque 19.000 personnes ont basculé dans l'urgence alimentaire la plus aiguë, devant se contenter d'un seul repas par jour, fait d'aliments de mauvaise qualité, a alerté vendredi le Programme alimentaire mondial (PAM). L'organisme de l'ONU montre dans son rapport qu'environ 4,7 millions de personnes, soit près de la moitié de la population du pays, connaît des niveaux d'insécurité alimentaire aiguë.
A LIRE AUSSI : Haïti : pas plus d’un repas par jour pour 19 000 personnes
Les bandes criminelles contrôlent jusqu'à 60% de la capitale Port-au-Prince, selon un rapport du Congrès américain cité par l'ONU, bloquent des axes de circulation majeurs, ainsi que le principal terminal pétrolier du pays.
La pénurie d'hydrocarbures ainsi induite a conduit les hôpitaux du pays à réduire de moitié leur activité de soins d'urgence, note également l'ONU.
Et, face à des autorités débordées, "l'impunité reste la norme", regrette le rapport du HCDH.
La semaine dernière, face à une épidémie naissante de choléra, le gouvernement de Port-au-Prince a demandé à la communauté internationale l'envoi d'une "force spécialisée armée". Un appel relayé par le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.
A LIRE AUSSI : Le déploiement d'une force "armée" internationale réclamé par le chef de l'ONU en Haïti