C'est une petite révolution qui se joue à partir de ce mercredi 1er février 2023. Jusqu’ici, les orthoptistes devaient se limiter au seul renouvellement de certaines corrections visuelles. Avec le décret du 27 avril 2022, les orthoptistes peuvent prescrire des lunettes de vue.
Pour le gouvernement, il s'agissait avant tout d'étendre le champ des compétences des orthoptistes en leur permettant non seulement de réaliser un bilan visuel sans prescription médicale au préalable, mais surtout de prescrire des lunettes correctrices ou lentilles de contact.
De plus , les orthoptistes peuvent également renouveler leurs propres ordonnances datant de moins de deux ans et portant sur les corrections visuelles de leurs patients. Au-delà de ce délai de deux ans, seul un ophtalmologue peut effectuer ce renouvellement.
Par ailleurs, à partir du mois de juin, les orthoptistes seront aussi autorisés, par ce décret, à dépister l’amblyopie chez les enfants âgés de 9 à 15 mois ainsi que les troubles de la réfraction chez les enfants âgés de 30 mois à cinq ans, sans avoir besoin d’ordonnance médicale préalable.
Pour ce qui est du remboursement, une prescription orthoptique a la même valeur qu’une ordonnance médicale et bénéficie du même taux de remboursement.
Enfin cette ouverture formalisée par le décret n'est pas pour autant sans limite. Le patient doit être âgé de 16 à 42 ans et s’il porte déjà des lunettes, il ne peut consulter un orthoptiste que si son dernier bilan visuel réalisé par un médecin ophtalmologiste date de moins de cinq ans, ou trois ans en cas de port de lentilles.
Une bonne nouvelle pour les orthoptistes, "attendre et voir" selon les ophtalmologues
Malgré les restrictions précisées par le décret, il s'agit d'une bonne nouvelle pour le Syndicat national autonome des orthoptistes (SNAO), qui voit en cela une possibilité de réduire les délais d’attente dans les cabinets d’ophtalmologie.
Pour sa part, le Syndicat national des ophtalmologistes (SNO) observe avec beaucoup de circonspections les nouvelles données mises en place par le décret. Il estime d'ailleurs que le décret « n’est pas pleinement applicable à l’heure actuelle » parce que les contre-indications listées dans l'arrêté n’ont pas encore été publiées au Journal officiel. Une liste qui a cependant diminué avec l'actuel décret et devrait l'être encore plus avec les différentes applications différées.
Il faut cependant rappeler que, depuis plusieurs années, tous les gouvernements ont pris des mesures pour tenter de désengorger les cabinets des ophtalmologues. Ainsi, dès 2007, les opticiens-lunetiers ont été autorisés à renouveler et/ou à adapter les lunettes correctrices sous certaines conditions après un examen de réfraction. En 2016, un décret, pris dans le cadre de la loi de modernisation du système de santé a élargi leur périmètre de compétences aux lentilles de contact, qu’ils peuvent également renouveler ou adapter, sauf opposition mentionnée par le médecin prescripteur expressément sur l’ordonnance. Enfin en avril 2020, le gouvernement a choisi d’attribuer ces mêmes droits aux orthoptistes.