Les otages nord-américains récemment libérés se sont en fait échappés

Convoi de voitures quittant les locaux de l'organisation "Christian Aid Ministries", à Titanyen, au nord de Port-au-Prince, Haiti, le 16 décembre 2021.
Les 12 membres du groupe de missionnaires nord-américains qui ont retrouvé la liberté jeudi dernier après deux mois aux mains d'un gang en Haïti se sont échappés eux-mêmes en pleine nuit, a raconté lundi leur organisation religieuse.

Le 16 octobre, le groupe de Christian Aid Ministries, composé de 17 personnes dont cinq enfants, avait été enlevé après la visite d'un orphelinat, à l'ouest de la capitale Port-au-Prince, au coeur d'une zone sous l'emprise d'un des principaux gangs d'Haïti.
Cinq membres du groupe avaient auparavant été libérés séparément en novembre et décembre.

Une fuite de plus de 16 kilomètres

Mi-décembre, aidé par la nuit, le groupe de 12 otages restants, dont un bébé de 10 mois et un enfant de trois ans "ont marché pour sans doute près de 10 miles (16 km) et traversé une épaisse forêt, naviguant entre les ronces" pour s'échapper, a raconté le porte-parole de Christian Aid Ministries Weston Showalter lors d'une conférence de presse en ligne.
"Nous avons marché dans les ronces pendant deux heures, nous étions dans les territoires de gangs," a raconté l'un de ceux qui s'est échappé, cité par le porte-parole.
Le 15 décembre, après plusieurs tentatives, le groupe est parvenu à briser la porte derrière laquelle ils étaient retenus captifs et à déjouer l'attention des gardes.
Les adultes ont caché de l'eau dans leurs vêtements, protégé le bébé dans des couvertures et porté les deux autres jeunes enfants pour s'échapper et marcher à travers la forêt, a raconté Weston Showalter.
Selon le porte-parole, les otages n'ont pas été victimes de violences lors de leur séquestration, et ont été nourris, même s'ils ont souffert d'une eau contaminée, de faim et du manque de sommeil.

Le paiement d'éventuelles rançons reste inconnu

Les membres du gang "400 mawozo", à l'origine de l'enlèvement, avaient réclamé un million de dollars par personne gardée captive, selon les informations recueillies par l'AFP.
L'organisation religieuse, Christian Aid Ministries, a indiqué avoir levé de l'argent destiné à une rançon afin de poursuivre les négociations, mais n'a pas souhaité donner davantage de détails, et le paiement d'éventuelles rançons reste inconnu.
Dans une vidéo publiée fin octobre sur les réseaux sociaux, le chef de la bande armée avait menacé d'exécuter les otages.
Longtemps cantonnés aux quartiers les plus pauvres de la capitale de ce pays embourbé dans une crise politique profonde et une spirale de violence, les gangs mènent leurs activités criminelles en toute impunité. Le Centre d'analyse et de recherche en droits humains, organisation basée à Port-au-Prince, a recensé au moins 949 enlèvements depuis le début de l'année.