Les pilotes privés sont en colère, contre un arrêté préfectoral (971-2024-10-02-00001) réglementant l’accès à l’aéroport international "Guadeloupe - Maryse Condé", qu’ils jugent "inique" et "liberticide". Selon ces termes, depuis le 2 octobre 2024, les vols privés en provenance de l’étranger mais aussi des aéroports de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin ne peuvent plus ni atterrir, ni décoller, avant 9h30 et après 18h00. Cette restriction ne concerne pas les compagnies aériennes.
Rassemblés au sein du collectif des pilotes de la Caraïbe, les professionnels mécontents ont produit un communiqué de presse, daté de ce mardi 15 octobre 2024. Ils rappellent que l’infrastructure aéroportuaire est censée être ouverte 24h/24.
La préfecture de la Guadeloupe entend, par cet arrêté, lutter contre l’immigration illégale et les trafics en tous genres.
Au nom de la sécurité
Pour justifier la restriction imposée aux vols privés, la préfecture de la Guadeloupe évoque la nécessité de renforcer les actions de lutte contre le trafic de stupéfiants, le trafic d’armes et la criminalité organisée, d’autant que l’archipel est voisin de territoires étrangers rapidement accessibles en avion. Les malfaiteurs sont susceptibles d’emprunter des vols privés. Ces usagers pas comme les autres préfèrent généralement voyager de nuit. Certains omettent de signaler leur plan de vol aux autorités de contrôle.
L’immigration irrégulière est aussi un phénomène à endiguer.
Compte tenu de ce contexte, les commandants de bord effectuant un vol privé, en provenance d’un pays tiers, ou d’une des collectivités de Saint-Barthélemy ou Saint-Martin, sont désormais tenus de transmettre un préavis, 24 heures au plus tard avant leur départ, à la douane, à la police aux frontières et à la brigade de gendarmerie des transports aériens.
2 heures avant le décollage, les dates et horaires du vol, l’identité de l’équipage et des passagers, ainsi qu’une description des marchandises transportées doivent être renseignées.
On peut aussi se demander si les services en charge de la sécurité aéroportuaire manquent de moyens humains, pour assurer leur mission en continu.
Une réglementation "préjudiciable"
Cet arrêté nuit aux activités de l’ensemble des petites compagnies privées, y compris celles qui sont en règle et respectent les procédures, dénonce le collectif des pilotes de la Caraïbe.
Pour ses membres, qui ne veulent pas faire les frais d’agissements qui ne les concernent pas, si chacun accomplit son travail, il n’y a pas d’inquiétude à avoir.
L’aéroport de Pointe-à-Pitre est un aéroport international. Il y a des services de douane, de police. On dépose des plans de vol, avant de partir. Tous les services concernés sont au courant. Cet arrêté n’est absolument pas justifié ; pas du tout. S’il y a des problèmes de drogue et d’armes à feu, ce n’est pas dû à nous, à l’aviation générale. On est quelques avions à voler ; ce n’est pas une plaque tournante ! On ne comprend pas !
Sébastien Gravier, porte-parole du collectif des pilotes de la Caraïbe
Les horaires définis par l’arrêté sont considérés comme "inappropriées", par le collectif, qui se vexe d’une telle mesure.
Le droit de ces professionnels à une libre circulation est mis à mal, avec un impact direct sur les services qu’ils peuvent proposer à leur clientèle.
On nous considère comme ayant des rapports avec la délinquance, la drogue, l’import d’armes, alors que ce n’est pas du tout le sujet. Nous sommes une profession libérale. Nous avons des gens qui louent des avions. Nous sommes prestataires de services. Et, souvent, nous avons des départs tôt le matin et des rentrées après 18h00. L’arrêté empêche notre libre circulation ; ça pénalise notre activité et nous sommes considérés comme des délinquants de l’aéronautique.
Sébastien Gravier, porte-parole du collectif des pilotes de la Caraïbe
La préfecture n’a pas donné suite à la demande d’explications formulée par mail par un membre du collectif des pilotes de la Caraïbe, le 8 octobre dernier.
Ce dernier envisage de saisir le tribunal administratif, dans le but d’invalider l’arrêté décrié. "Nous n’acceptons pas d’être limités dans nos déplacements, notre liberté d’entreprendre, qui sont des valeurs constitutionnelles", écrit le porte-parole dans son communiqué.