Le syndicat des personnels du SDIS-971-Force Ouvrière tape du poing sur la table : les sapeurs-pompiers n’en peuvent plus de patienter durant des heures aux urgences du Centre hospitalier universitaire de la Guadeloupe (CHUG), pour faire admettre les patients qu’ils ont pris en charge.
Force Ouvrière (FO) a décrit cette problématique dans un courrier adressé au préfet, au directeur de l'Agence régionale de santé (ARS), au directeur du CHUG, ainsi qu’aux président et directeur du Service départemental d’incendie et de secours (SDIS).
Nos camarades et collègues sapeurs-pompiers sont épuisés, désemparés, stressés, dès lors qu'il s'agit de conduire nos victimes au CHUG, car ce n'est jamais si simple d'opérer le transfert de ces personnes dans cet établissement de soins. C'est vraiment la croix et la bannière !
Sylvain Barvaut, secrétaire général du syndicat des personnels du SDIS 971-FO
Délais d’attente aux urgences et danger pour les patients
Il n’est pas rare que plusieurs véhicules de secours et d'assistance aux victimes (VSAV) se retrouvent en fil d’attente dans la coursive des urgences hospitalières, moteur et climatisation en marche ; jusqu’à 8 VSAV, précise le syndicat, qui parle de délais de 45 minutes à plus de 5 heures.
Cette situation répétitive, depuis plusieurs mois, peut avoir de graves conséquences : le temps d’attente infligé aux secouristes est également le même pour les blessés et malades transportés au CHU, dans les ambulances, puis sur les brancards.
Des victimes en urgence grave ou relative se trouvent en difficulté sur nos brancards de VSAV, exposées en salle d'attente ! Il arrive souvent que l'état de nos victimes se dégrade en notre présence, sur nos brancards ou dans nos vecteurs : des victimes qui tombent en arrêt cardiaque, des crises épileptiques, des vomissements, des urines, des excréments... Tout cela à la porte des urgences, sur nos brancards.
Sylvain Barvaut, secrétaire général du syndicat des personnels du SDIS 971-FO
Autre souci de taille causé : le blocage des ambulances. Lorsque les véhicules du SDIS sont indisponibles, car mobilisés au CHUG, il faut envoyer des équipes de casernes plus éloignées sur les lieux d’intervention. L’action du SDIS et la couverture sanitaire du territoire sont alors désorganisées, au détriment des personnes en détresse.
Ce sont de nombreux centres qui se retrouvent SANS AUCUNE AMBULANCE, SANS AGENT.
Sylvain Barvaut, secrétaire général du syndicat des personnels du SDIS 971-FO
Le SDIS et ses agents pénalisés
Ces temps d’attentes génèrent des factures de carburant en hausse, des dégradations de matériel et des heures supplémentaires pour les pompiers, dont certains font des malaises.
"INADMISSIBLE !" crie FO, qui appelle les autorités compétentes à "protéger la santé mentale, morale et physique" des agents du SDIS.
La direction du SDIS confirme ces désagréments et est, donc, parfaitement consciente des difficultés rencontrées par les équipes. Une situation qui survient aussi dans l’Hexagone, a précisé le colonel Félix Anténor-Habazac, directeur du SDIS Guadeloupe :
Dernièrement, tous les VSAV de la Grande-Terre étaient simultanément bloqués au CHUG ; une situation très délicate qui a due être gérée par le SDIS.
Dorénavant, avant d’arriver à une telle situation, dès que deux véhicules de secours seront en attente, une alerte sera lancée et une procédure sera déclenchée. Il sera, par exemple, alors demandé aux médecins des urgences d’aller au-devant des ambulances, afin de consulter les patients qui s’y trouvent et prioriser les prises en charge.
Par ailleurs, la régulation des patients, vers d’autres hôpitaux ou cliniques, pourraient être envisagée.
Le CHU pointé du doigt
Les pompiers refusent de subir davantage ce qu'ils qualifient de "problèmes d’organisation du CHUG".
En résumé, les difficultés du CHUG dans son inorganisation et certainement de son manque d'effectif nous pénalisent fortement, étant donné que les délais de prise en charge sont de plus en plus extensibles.
Sylvain Barvaut, secrétaire général du syndicat des personnels du SDIS 971-FO
Jocelyn Zou, secrétaire général adjoint de FO-SDIS 971, enfonce le clou :
La Cheffe du service des urgences du CHUG, le Docteur Delphine Delta, affirme que le problème est dû à un engorgement, mais pas à une désorganisation. Trop de personnes se rendent systématiquement aux urgences, plutôt qu’auprès d’un médecin de ville :
C’est donc l’ensemble des procédures qui doivent être revues, localement, de même que la coordination entre services de secours et de santé.
Le parcours de soin et le parallèle entre la médecine de ville et l’hôpital doivent être aussi redéfinis, notamment à l’attention de la population. D’où la consigne adressée aux patients d’appeler le 15, avant de se déplacer, pour une régulation efficace. Un Service d’accès aux soins (SAS) doit être instauré prochainement au CHUG, en ce sens ; sa mission sera de fluidifier le parcours des patients.
La problématique liée aux carences en matière de couverture sanitaire de l’archipel est aussi, ici, à nouveau mise sur le tapis.