Les temps d’attente aux urgences du CHUG provoquent la colère des pompiers

FO-SDIS 971 dénonce le temps d'attente aux urgences du CHU, pour les sapeurs-pompiers et leurs patients.
Jusqu’à 8 ambulances du SDIS bloquées devant les urgences du CHUG et jusqu’à 5 heures d’attente, pour les secours comme pour les patients... le syndicat FO dit "Stop !". Cette situation d’engorgement n’a que trop duré. Les conséquences, pour les sapeurs-pompiers, les blessés et les malades sont graves. Les causes, quant à elles, sont plurielles.

Le syndicat des personnels du SDIS-971-Force Ouvrière tape du poing sur la table : les sapeurs-pompiers n’en peuvent plus de patienter durant des heures aux urgences du Centre hospitalier universitaire de la Guadeloupe (CHUG), pour faire admettre les patients qu’ils ont pris en charge.

Force Ouvrière (FO) a décrit cette problématique dans un courrier adressé au préfet, au directeur de l'Agence régionale de santé (ARS),  au directeur du CHUG, ainsi qu’aux président et directeur du Service départemental d’incendie et de secours (SDIS).

Nos camarades et collègues sapeurs-pompiers sont épuisés, désemparés, stressés, dès lors qu'il s'agit de conduire nos victimes au CHUG, car ce n'est jamais si simple d'opérer le transfert de ces personnes dans cet établissement de soins. C'est vraiment la croix et la bannière !

Sylvain Barvaut, secrétaire général du syndicat des personnels du SDIS 971-FO 

Délais d’attente aux urgences et danger pour les patients

Il n’est pas rare que plusieurs véhicules de secours et d'assistance aux victimes (VSAV) se retrouvent en fil d’attente dans la coursive des urgences hospitalières, moteur et climatisation en marche ; jusqu’à 8 VSAV, précise le syndicat, qui parle de délais de 45 minutes à plus de 5 heures.

Adjudant-chef Fabrice Ferrier, sapeurs-pompiers au CIS des Abymes ©Laetitia Broulhet et Mickaël Bastide - Guadeloupe La 1ère
Jusqu'à 8 VSAV ont été en file d'attente dans la coursive des urgences hospitalières du CHUG, selon FO-SDIS 971.

Cette situation répétitive, depuis plusieurs mois, peut avoir de graves conséquences : le temps d’attente infligé aux secouristes est également le même pour les blessés et malades transportés au CHU, dans les ambulances, puis sur les brancards.

Des pompiers attendant l'admission de leur patient, aux urgences du CHUG.

Des victimes en urgence grave ou relative se trouvent en difficulté sur nos brancards de VSAV, exposées en salle d'attente ! Il arrive souvent que l'état de nos victimes se dégrade en notre présence, sur nos brancards ou dans nos vecteurs : des victimes qui tombent en arrêt cardiaque, des crises épileptiques, des vomissements, des urines, des excréments... Tout cela à la porte des urgences, sur nos brancards.

Sylvain Barvaut, secrétaire général du syndicat des personnels du SDIS 971-FO

Autre souci de taille causé : le blocage des ambulances. Lorsque les véhicules du SDIS sont indisponibles, car mobilisés au CHUG, il faut envoyer des équipes de casernes plus éloignées sur les lieux d’intervention. L’action du SDIS et la couverture sanitaire du territoire sont alors désorganisées, au détriment des personnes en détresse.

Ce sont de nombreux centres qui se retrouvent SANS AUCUNE AMBULANCE, SANS AGENT.

Sylvain Barvaut, secrétaire général du syndicat des personnels du SDIS 971-FO

Le SDIS et ses agents pénalisés

Ces temps d’attentes génèrent des factures de carburant en hausse, des dégradations de matériel et des heures supplémentaires pour les pompiers, dont certains font des malaises.
"INADMISSIBLE !" crie FO, qui appelle les autorités compétentes à "protéger la santé mentale, morale et physique" des agents du SDIS.

La direction du SDIS confirme ces désagréments et est, donc, parfaitement consciente des difficultés rencontrées par les équipes. Une situation qui survient aussi dans l’Hexagone, a précisé le colonel Félix Anténor-Habazac, directeur du SDIS Guadeloupe :

Colonel Félix Anténor-Habazac, directeur du SDIS Guadeloupe ©Alexandre Houda et Christian Danquin - Guadeloupe La 1ère

Dernièrement, tous les VSAV de la Grande-Terre étaient simultanément bloqués au CHUG ; une situation très délicate qui a due être gérée par le SDIS.
Dorénavant, avant d’arriver à une telle situation, dès que deux véhicules de secours seront en attente, une alerte sera lancée et une procédure sera déclenchée. Il sera, par exemple, alors demandé aux médecins des urgences d’aller au-devant des ambulances, afin de consulter les patients qui s’y trouvent et prioriser les prises en charge.  

Par ailleurs, la régulation des patients, vers d’autres hôpitaux ou cliniques, pourraient être envisagée.

Le CHU pointé du doigt

Les pompiers refusent de subir davantage ce qu'ils qualifient de "problèmes d’organisation du CHUG".

En résumé, les difficultés du CHUG dans son inorganisation et certainement de son manque d'effectif nous pénalisent fortement, étant donné que les délais de prise en charge sont de plus en plus extensibles.

Sylvain Barvaut, secrétaire général du syndicat des personnels du SDIS 971-FO

Jocelyn Zou, secrétaire général adjoint de FO-SDIS 971, enfonce le clou :

Jocelyn Zou, secrétaire général adjoint de FO-SDIS 971 ©Laetitia Broulhet et Mickaël Bastide - Guadeloupe La 1ère

La Cheffe du service des urgences du CHUG, le Docteur Delphine Delta, affirme que le problème est dû à un engorgement, mais pas à une désorganisation. Trop de personnes se rendent systématiquement aux urgences, plutôt qu’auprès d’un médecin de ville :

Dr Delphine Delta, cheffe du service des urgences du CHUG ©Laetitia Broulhet et Mickaël Bastide - Guadeloupe La 1ère

C’est donc l’ensemble des procédures qui doivent être revues, localement, de même que la coordination entre services de secours et de santé.

Le parcours de soin et le parallèle entre la médecine de ville et l’hôpital doivent être aussi redéfinis, notamment à l’attention de la population. D’où la consigne adressée aux patients d’appeler le 15, avant de se déplacer, pour une régulation efficace. Un Service d’accès aux soins (SAS) doit être instauré prochainement au CHUG, en ce sens ; sa mission sera de fluidifier le parcours des patients.

La problématique liée aux carences en matière de couverture sanitaire de l’archipel est aussi, ici, à nouveau mise sur le tapis.