L’heure est au bilan, en Guadeloupe, après le passage de Fiona, la tempête tropicale devenue ouragan, après avoir quitté l’archipel.
Dans le monde agricole, les secteurs bananier et apicole évaluent leurs pertes.
Banane : bilan hétérogène
Comme on le sait, les bananiers résistent mal aux mauvaises conditions météorologiques.
Or, dans la nuit du 16 au 17 septembre 2022, puis durant une bonne partie de la matinée de samedi, Fiona a généré des vents violents avec des rafales pouvant aller jusqu’à 100 à 120 km/h, ainsi que des pluies diluviennes, qui ont provoqué des inondations, des coulées de boue et des éboulements.
Pourtant, le bilan dans la filière banane est bien plus contrasté qu’on aurait pu le penser.
Si une partie des parcelles a été entièrement sinistrée, d'autres ont été très peu touchées, voire même préservées, contre toute attente. Cela est dû à un phénomène de "vents tourbillonnants" ou d'"effet de sites", suppose Tino Dambas, exploitant à Capesterre-Belle-Eau.
Mais les exploitants sont, pour certains, confrontés à une autre difficulté : ils n’ont pas accès aux terrains qu’ils cultivent.
C’est le cas de la douzaine de producteurs de bananes installée sur environ 80 hectares, au cœur de la forêt de "Richebois", dans la montagne de Capesterre-Belle-Eau, sur des terres mises à leur disposition par le Conseil Régional.
Le chemin d’exploitation qu’ils doivent emprunter est fragilisé et obstrué en plusieurs points.
Nous avons la route qui est endommagée. Faudrait la refaire. Et, là, avec la rivière, il faut déblayer.
Rémise Saint-Julien, productrice de bananes
Des troncs d’arbres, surtout, ont été charriés par les eaux en furie et se sont placés en travers du chemin.
Des éboulements sont aussi à déplorer.
Les professionnels concernés se savent livrés à eux-mêmes ; ils sont conscients que les autorités ont déjà fort à faire auprès des sinistrés du Sud Basse-Terre, notamment.
Donc aujourd’hui, nous, en tant qu’agriculteurs, on veut accéder à nos exploitations. On va quand même essayer de faire le nécessaire, de se mettre ensemble. Après la Région et le Groupement vont prendre la relève. Mais, nous, il faut qu’on accède à nos exploitations, pour continuer à travailler.
Rémise Saint-Julien, productrice de bananes
Autre calamité, pour Rémise Saint-Julien, qui exploite 8,5 hectares dans les hauteurs de Capesterre-Belle-Eau et produit habituellement 200 tonnes de bananes par an : 2,5 hectares de forêt de sa parcelle ont totalement disparu.
Vous savez, on peut replanter la banane ; c’est facile. La forêt, c’est un peu plus compliqué. Et ça nous reprendra beaucoup de temps à nous relever et avoir une nature aussi verte, aussi luxuriante.
Rémise Saint-Julien, productrice de bananes
Le bilan définitif est en cours d’évaluation, par les techniciens des Producteurs de Guadeloupe.
Enfin, troisième point noir au détriment des professionnels du secteur de la banane : le manque d'eau les empêche de récolter. Car, ils sont dans l'incapacité de laver les mains, avant leur mise en carton, en vue de leur exportation.
Et le SMGEAG est, à ce jour, dans l'incapacité d'avancer une date de retour à la normale, notamment pour les communes desservies par le captage de la rivière Saint-Louis.
Apiculture : idem, bilan mitigé
Pour ce qui est de la filière apicole, il faut s’attendre là aussi à des dégâts conséquents, car une ruche noyée est une ruche perdue.
Des exploitants de Vieux-Habitants, Baillif, Basse-Terre, Capesterre-Belle-Eau, Goyave et même de Baie-Mahault ont déjà signalé des pertes.
Parmi eux, ces apiculteurs qui constatent les dégâts, sur leurs essaims, à Baillif et à Vieux-Habitants.
Les jardins créoles et exploitations vivrières du Sud Basse-Terre ont aussi bien souffert.