Quatre chercheurs spécialisés en évaluation des politiques publiques se sont penchés sur la discrimination dans l’accès à l’emploi, en Guadeloupe, en Martinique, à La Réunion et à Paris.
Leur étude porte très précisément sur la profession de serveur, dans des restaurants. Une profession considérée comme étant en tension, parce qu'il y manque de la main d'œuvre.
Les enquêteurs ont cherché à observer l’intensité de la discrimination, selon deux critères : l’origine ultramarine ou métropolitaine du candidat et son lieu de résidence.
Ainsi, en mai dernier, 3468 candidatures ont été envoyées à plus de 1.000 établissements des territoires précités. Pour ce testing, chaque entreprise a reçu trois lettres de demande d'emploi, émanant de trois profils de candidats fictifs et, cela, à quelques jours d’intervalle.
Dans chaque cas, les postulants étaient des hommes, âgés de 22 ans. Ils portaient des prénoms et noms de famille les plus courants, pour cette année 2021, dans chaque territoire. Sur leurs Curriculum Vitae (CV) respectifs, ces faux candidats avaient des intérêts personnels assez proches, les uns des autres et, bien sûr, le même diplôme : un bac pro restauration-hôtellerie obtenu dans leur ville de naissance.
Yannick L’Horty est professeur d’économie, à l’université Paris-est Marne la Vallée et directeur de recherches au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Ce spécialiste de l’évaluation des politiques publiques nous en dit davantage sur les trois profils fictifs et sur l'objectif de l'évaluation :
Yannick L’Horty : "Le test permet, d'une part de mesurer les discriminations selon l'origine, donc à l'encontre d'un candidat ultramarin et, également, selon l'adresse, pour des candidats guadeloupéens".
Les taux de réponse les plus élevés sont ceux de Paris. Les plus faibles, ceux de Guadeloupe. Et, dans les quatre territoires, le taux de réponse est toujours plus élevé pour le candidat venu de l'Hexagone.
Yannick L’Horty expose les conclusions de l’étude :
Yannick L’Horty : "On trouve des discriminations, selon l'origine, avec une pénalité subie par les candidats ultramarins, à la fois à Paris, mais aussi dans chaque territoire d'Outre-mer".
Cette étude montre bien, selon les auteurs, que nous sommes face à une rupture du principe d’égalité, délit sanctionné par le code pénal.
Le rapport a été remis, vendredi dernier, à Elisabeth Moreno, ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances.
Face à ce constat, il est difficile de parler de vivre ensemble, quand on sait qu’en tant qu’Ultramarin, on est plus susceptible d’être victime de discrimination à l’embauche.