Les usagers de l'eau listent leurs doléances au préfet

Alexandre Rochatte, préfet de Guadeloupe et Harry Olivier, président de la FADUEG
La Fédération des associations des usagers de l'eau de Guadeloupe a envoyé, mardi dernier, une lettre ouverte, au préfet. Objectif : lister les doléances et revendications de ses membres, parmi lesquelles la volonté d'une forte implication des usagers, dans toute décision à venir.

Le bon moment pour se faire entendre

Ce que nous attendons c'est que l'Etat mette en place, rapidement, la nouvelle structure de gestion de l'eau, pour solutionner la situation catastrophique actuelle.

Harry Olivier, président de la FADUEG

Pas question, pour la Fédération des associations des usagers de l'eau de Guadeloupe (la FADUEG) d'être mise sur la touche, en cette période de croisée des chemins.
Ses membres* jugent opportun de faire entendre leur voix, maintenant que le dossier a été repris par la préfecture de la Guadeloupe, que le ministère des Outre-mer a annoncé la décision du gouvernement de prononcer la dissolution du SIAEAG par décret, au 1er décembre 2020 et que les EPCI organisent la continuité du service de distribution de l'eau, en attendant la création de la future structure unique de l'eau.
Alors qu'ils appellent de leur vœu la création d'une structure performante, qui réponde aux besoins de la Guadeloupe et puisse faire face aux défis, pluriels, du dossier de l'eau de l'archipel, ils ont adressé une lettre ouverte au préfet, Alexandre Rochatte. Celle-ci reprend la teneur de leurs échanges du 16 septembre 2020.
 

Constat d'échec et rejet des élus

La gestion de l'eau, en Guadeloupe, est un échec total !

Harry Olivier, président de la FADUEG

C'est pourquoi la FADUEG exprime sans détour son absence de confiance, aux élus.

Les élus proposent la création d’une SPL (Société Publique Locale) pour couvrir la période intermédiaire à l’arrivée de la nouvelle structure.
Nous, associations des U3C (Usagers Clients, Consommateurs, Contribuables) refusons toute création de nouvelle structure intermédiaire.
Nous ne faisons pas confiance aux élus qui nous ont mis dans cette situation de crise sanitaire et de Santé publique.
Les élus nous ont habitués à ne pas tenir leurs engagements et en conséquence ils ne pourront pas faire maintenant ce qu’ils n’ont pu faire depuis des décennies.

Extrait de la lettre ouverte de la FADUEG au préfet - 03/11/2020

Les usagers prônent l'utilisation des moyens déjà existants, pour passer la période transitoire, entre la dissolution effective du Syndicat intercommunal d'alimentation en eau et assainissement de Guadeloupe (SIAEAG) et la création de sa remplaçante, pour laquelle aucune échéance n'a à ce jour, été arrêtée.

Ainsi, il y a urgence, affirme la Fédération, à basculer vers une organisation saine, via une structure qualitative.

Nous demandons à ce que le droit politique français, qui est un droit écrit, soit réécrit, pour prendre en considération la situation de la Guadeloupe, sur la gestion de l'eau, dans sa totalité : l'organisme qui va être créé devra prendre en charge la gestion universelle de l'eau. Il s'agit :
- du prélèvement de l'eau dans la rivière
- de son transport
- de sa distribution (eau potable au robinet et eau agricole)
- de la facturation avec un prix unique pour l'eau potable et un autre pour l'eau agricole
- sans oublier l'assainissement.

Harry Olivier, président de la FADUEG

Et, justement, les U3C (Usagers Clients, Consommateurs, Contribuables) jugent que l'assainissement est un problème encore plus grave que celui de la distribution de l'eau potable. Selon Harry Olivier, 95% des stations de traitement des eaux usées ne fonctionnent pas, ou dysfonctionnent.

Elles déversent de l'eau sale, à l'état brute, dans la nature, dans les rivières, dans la mangrove, dans la mer... Cela engendre un risque de santé publique. Cette partie environnementale aurait dû mener les responsables directement devant les tribunaux, au pénal.

Harry Olivier, président de la FADUEG


Les usagers, partie prenante d'un organe paritaire

Autre cheval de bataille, cher à la Fédération des associations des usagers de l'eau de Guadeloupe : l'implication des usagers dans la future entité. Leur avis doit peser, dans les prises de décisions.

Nous demandons la présence des usagers, dans l'organe de décision de la future structure, de manière paritaire : élus, usagers, socio-professionnels et salariés.

Harry Olivier, président de la FADUEG


Pour aller plus loin

Cette lettre ouverte, adressé au préfet de la région Guadeloupe, est aussi un outil de communication auprès du grand public. La FADUEG tient à ce que la population sache ce qu'elle entreprend, afin de contribuer à l'émergence d'un nouveau service, digne des Guadeloupéens.

Nous vous proposons donc d'en lire le contenu intégral, ici :

Lettre ouverte des usagers de l'eau adressée au Préfet de la Guadeloupe 03.11.2020



*La FADUEG représente quatre associations qui, de longue date, dénoncent les multiples carences, en matière de gestion de l'eau, dans l'archipel et, par ailleurs, accompagnent les usagers de l'eau, concernés par des coupures ou des facturations incompréhensibles : 
  • le Collectif Citoyens Guadeloupe (CCG, dont Harry Olivier est également le président)
  • le Comité de Défense des Usagers de l’Eau de Guadeloupe (CDUEG, présidé par Germain Paran)
  • l'Association d’Usagers Eau de Guadeloupe (AUEG, dont Flavie Danois est présidente)
  • Sauvez Notre Entreprise Guadeloupéenne (SNEG, avec, à sa tête, Dominique Virassamy)