Guadeloupe la 1ère : Marie-Luce Penchard, en tant que vice-présidente de la Région, pensez-vous que le soutien de l’État est à la hauteur des difficultés des entreprises d’Outre-Mer ?
Marie-Luce Penchard : Nous avons examiné avec attention la réponse du Ministre de l’Outre-Mer, et nous considèrons que c’est une première réponse, mais ce ne sera pas suffisant car nous avons l’intention de maintenir l’activité économique. Or, nous avons des craintes qui sont justifiées dans les argumentaires que nous avons présentés au premier ministre.
Nous espérons qu’à partir de cette première réponse, qui est une ouverture, car certains dispositifs sont reconduits, tirer des enseignements du premier confinement pour aller beaucoup plus loin, de manière à permettre, surtout à nos très petites entreprises, et j’insiste sur ce point, de bénéficier de l’ensemble de ces dispositifs.
Je rappelle que lors du premier confinement, 23 000 entreprises ont pu bénéficier de tout ce qui avait été mis en place, alors que nous savons pertinemment que d'autres structures auraient pu, elles aussi, y avoir accès.
Pour ce qui est de la Région, nous sommes mobilisés, évidemment sur la crise sanitaire, car il s’agit dans un premier temps de sauver des vies humaines, mais nous pensons aussi à sauver des emplois. Ainsi, la Région dans un deuxième temps, fera vraisemblablement des annonces pour montrer combien elle a toujours été aux côtés du monde économique parce qu’il y va de la santé du tissu économique.
Nous examinons en ce moment un certain nombre de dispositifs avec les professionnels afin de soutenir tous les secteurs tels que la pêche, l’agriculture, mais aussi à l’événementiel, les restaurateurs, et la fédération du tourisme avec laquelle nous avons déjà des réunions de travail.
Guadeloupe la 1ère : Vous aviez exprimé des inquiétudes sur la question du prêt garanti par l’État (PGE) qui fait partie des dispositifs, de nouveaux échanges seront engagés dans les prochains mois, cependant sur la question de dettes au cas par cas, votre réaction vis-à-vis de cette fermeté de l’État ?
M-L.P : Je crois qu’il faut encore discuter avec l’État car il avait pris un certain nombre d’engagements vis-à-vis des professionnels et nous estimons que cela ne doit pas être un frein pour accéder aux dispositifs, en particulier au fonds de solidarité.
Je pense qu’il faut, à un moment donné savoir traiter l’Outre-Mer sous forme d’adaptation, mais il faut aussi prendre des mesures très spécifiques car nous ne sommes pas comme d’autres régions Françaises. Bous n’avons pas du tout le même tissu économique, nous savons tous que nous portons à bras le corps l’économie de la Guadeloupe et que cela nécessite des mesures très fortes.
Le président Chalus a eu l’occasion de le dire avec fermeté, il y va de la survie de nos entreprises et des milliers d’emplois sont en jeu. Les réunions rue Oudinot se poursuivent, il faut continuer à travailler, maintenir le dialogue et aller plus loin par rapport à la réponse que vient de faire Sébastien Lecornu.
Guadeloupe la 1ère : La Région Guadeloupe a mis en œuvre de nombreuses aides pour accompagner les entreprises mais ses budgets ne sont pas illimités, comment accompagner encore plus pour cette nouvelle crise ?
M-L.P : C’est vrai. Nous avons eu l’occasion de rappeler que l’État doit respecter ses engagements, car il devait compenser pour l’ensemble des Régions de France le manque à gagner sur les recettes dû ralentissement de notre activité économique. Ca n’a pas été fait, et la question a été posée lors de l’assemblée des Régions de France et arrivera sur la table du Premier ministre bientôt.
S’agissant des dispositifs de la Région, nous allons remettre en place ce qui avait fonctionné lors du 1er confinement, et nous travaillons sur trois dispositifs supplémentaires.
Pour le coup, l’État a accepté de nous accompagner sur une réorientation des fonds européens qui nous permettra de mobiliser 20 millions d’euros environ pour soutenir les entreprises et en particulier les très petites entreprises car nous voulons qu’elles puissent en bénéficier, au même titre que les autres, de l’ensemble des dispositifs, et si ce n’est pas possible, la Région Guadeloupe viendra en appui.
Réponse de Sébastien Lecornu aux demandes du Président de Région Ary Chalus, et du président du conseil éxécutif de la collectivité de Martinique, Serge Letchimy.
Pour (re)voir d'interview de Marie-Luce Penchard, invitée du Guadeloupe soir