Près de 150 enquêtes ont été ouvertes, en Martinique, après les violences accompagnées de pillages commis en marge des blocages et de la grève générale, qui a débuté le 22 novembre 2021, dans l'île, a indiqué, mercredi soir (8/12/2021) la procureure de la République de Fort-de-France.
Au total, une cinquantaine de personnes ont été déférées, dont une douzaine placées en détention. Les affaires, suite aux exactions les plus graves n'ont pas encore été traitées ; elles sont à venir, précise la procureure Clarisse Taron.
Dans le cadre de ces enquêtes judiciaires, la gendarmerie de Martinique a procédé à une nouvelle interpellation, mardi soir. Il s'agit d'un homme originaire de Sainte-Lucie, soupçonné de recel et placé en garde à vue, après les pillages et cambriolages perpétrés, ces derniers jours, dans différents commerces de l'île.
Des pharmacies ont notamment été victimes d'actes de vandalisme, de même que plusieurs enseignes de la grande distribution, des commerces et même un centre de tri, où des dizaines de colis de Noël ont été éventrés et leur contenu dérobé.
"Depuis trois jours, nous multiplions les opérations pour intercepter les pilleurs mais également les recels des pillages", a indiqué à l'AFP le général William Vaquette, commandant de la gendarmerie de la Martinique. Il a notamment cité "une fourgonnette, avec des vêtements de marque, des deux roues, beaucoup de produits, dont nous ignorions la provenance, qui venaient d'être chargés dans une yole, qui vraisemblablement partait vers Sainte-Lucie".
L'enquête judiciaire déterminera s'il s'agit des recels des pillages, qui ont eu lieu lors de ces dix derniers jours de crise, sur le territoire. Mais selon la gendarmerie, ces produits pourraient être revendus en contrebande, à Sainte-Lucie, située à 87 kilomètres au Sud de la Martinique.
Les enquêteurs soupçonnent en effet des gangs de Sainte-Lucie d'avoir commandité des pillages, en marge des violences liées à la crise sociale.
"La délinquance et la criminalité se nourrissent du désordre parce que quand il y a un désordre social, les forces de sécurité sont plutôt sur les barrages, doivent intervenir sur des incendies volontaires qui sont parfois des pièges pour fixer les forces de sécurité et pendant ce temps-là essayer de piller", a déclaré le général Vaquette. Près d'une vingtaine de gendarmes ont été blessés, au cours des violences nocturnes liées à la crise sociale.
Depuis plusieurs mois, les forces de sécurité martiniquaises et saint-luciennes travaillent en étroite collaboration pour lutter contre les trafics de contrebande, et les côtes des deux îles sont particulièrement surveillées, avec le concours de la Marine nationale.