Météo France veille au grain

Animation radar, en ligne.
Les yeux tournés vers le ciel (en réalité vers leurs écrans !), ils scrutent les moindres mouvements des éléments, pour déceler les menaces éventuelles, pour notre territoire.

 
Les météorologues sont une pièce maîtresse de la prévention des risques. D’autant que les déchaînements d’en haut sont lourds de conséquences ici-bas.
Entretien « Alerte Guadeloupe », avec Thierry JIMONET, responsable du centre météorologique Météo France de Guadeloupe.
 

Extrait de cette interview :


Alerte Guadeloupe : Le rôle de Météo France ne se résume pas aux prévisions météorologiques ?


Thierry JIMONET : Météo France a, en effet, plusieurs missions à assurer, pour les services de l’Etat et pour le public. Il s’agit, comme tout le monde le sait, d’assurer la sécurité des personnes et des biens, face à tous les risques météorologiques.  Par ailleurs, on assure un appui à la Défense nationale. Côté aéronautique, on contribue à la sécurité aérienne et la régularité du trafic aérien. Et, au niveau économique, on participe au développement économique des entreprises « météo-sensibles ». Il y en a beaucoup, en Guadeloupe : environ 30%. Mais peu ont conscience de cette sensibilité. Citons, par exemple, les entreprises du secteur de la banane, qui dépendent des conditions de précipitations. Or, cela, on peut l’anticiper avec une prévision à plus ou moins long terme, 6 à 7 mois à l’avance, pour donner des tendances sur la production agricole en général.

A.G. :  Zoomons sur les risques météorologiques. Quel est le partage des missions, entre Météo France et la Préfecture ?

T.J. : Il y a plusieurs risques météorologiques et vous connaissez ceux associés à la vigilance* que nous mettons en place : les fortes pluies (qui peuvent générer des inondations), les orages, la submersion marine (liée à la houle et aux sur-côtes dues aux cyclones), enfin les cyclones, aléa majeur et plus gros danger que l’on peut avoir, ici. Donc, le centre météorologique de Guadeloupe alerte la préfecture, en cas de phénomène météorologique important justifiant une vigilance. C’est ensuite la préfecture qui va déclencher une alerte, auprès de la population, pour qu’elle prenne les dispositions nécessaires.

« Pas davantage de cyclones, mais peut-être des phénomènes plus extrêmes. »


A.G. :  La météorologie n’est pas une science exacte. Quelles sont les difficultés liées à votre mission de prévisionniste ?
 
T.J. : Je n’aime pas trop le terme « science exacte ». Je préfère employer le terme « science chaotique ». Au niveau scientifique, le chaos est un phénomène connu. C’est une science chaotique, dans le sens où un évènement peut perturber la prévision. Il faut, sans arrêt, suivre les évènements, pour pouvoir corriger le mieux possible.

A.G. :  Beaucoup parlent d’une augmentation du risque cyclonique. On a eu Harvey, Maria et Irma, l’an dernier. Des phénomènes hors normes, sur pratiquement la même trajectoire. Est-ce que l’augmentation des phénomènes, en nombre et en puissance, est une réalité ?

T.J. : On ne peut pas attribuer, sur une seule saison, cette augmentation des cyclones majeurs, à un changement climatique. Le changement climatique s’observe sur une longue période. C’est à partir d’une série d’évènements, sur plusieurs dizaines années, que l’on peut parler d’augmentation ou de diminution. C’est, par exemple, l’augmentation de la fréquence d’épisodes de canicule (dans l’Hexagone) ou d’épisodes cycloniques (dans notre zone) qui va nous permettre de dire qu’il y a un changement climatique.
Nous avons un centre de recherche, basé à Toulouse, qui fait de la simulation sur les phénomènes cycloniques, dans le cadre du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat). Les dernières simulations montrent qu’on ne va pas avoir une augmentation du nombre de cyclones. Par contre, on aura des cyclones « majeurs » en plus grand nombre. C'est-à-dire, peut-être, moins de cyclones, mais des phénomènes plus extrêmes.



 
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