Moins de marchandises pour le même prix, voire plus cher : bientôt un affichage obligatoire dans les supermarchés

Réduflation (ou Shrinkflation en anglais), l'art de dissimuler la hausse du prix d'une marchandise.
Voilà une pratique qui coûte cher aux consommateurs : la réduflation, à savoir moins de produits, pour un prix identique, voire plus élevé. Elle est vue comme une arnaque par le gouvernement, qui a décidé d’agir. A défaut d’y mettre un terme, l’exécutif demande aux super et hypermarchés d’alerter les clients, de façon visible, en cas de modification, en matière de taille, de volume ou de contenance, d’une marchandise. La mesure a été publiée au journal officiel le 4 mai dernier. Elle entrera en vigueur le 1er juillet.

Avez-vous, vous aussi, été déçu(e) après l’ouverture d’un paquet de chips, en découvrant la faible quantité de marchandises à l’intérieur ? Avez-vous constaté que certaines boîtes de chocolats de même dimension qu’avant, comptent moins de gourmandises à l’intérieur désormais, parce que leur disposition a changé ? Avez-vous remarqué que certains pots de yaourt sont plus petits ; oh, pas grand-chose, quelques grammes de moins. Et votre canette, qui contient 28cl, au lieu de 33cl ?
Pourtant, vous en êtes sûr, le tarif est le même. Parfois même, il est plus élevé, avec une contenance moindre !

De telles pratiques ont un nom : la réduflation (ou "Shrinkflation" en anglais).

Les agro-industriels et les enseignes de la grande distribution parlent de "stratégie commerciale".

Le gouvernement, lui, dénonce cela comme "une arnaque" dont sont victimes les consommateurs ! Elle vise, en effet, à masquer la hausse du prix d’un consommable.

Ces deux boîtes de mouchoirs sont suceptibles d'être vendues au même prix, pourtant la deuxième contient 5 articles en moins.

Tromperie sur la marchandise !

Nous y mettons fin. Je veux rétablir la confiance des consommateurs. Et la confiance vient avec la transparence.

Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique

À compter du 1er juillet, une affichette sera apposée à proximité du produit lorsque sa quantité diminue et que son prix reste inchangé ou augmente. C’est un pas important dans le combat que je mène pour la transparence qu’on doit aux consommateurs.

Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des Entreprises, du Tourisme et de la Consommation

En effet, conformément aux termes de l’arrêté ministériel du 16 avril 2024 (publié au Journal officiel le 4 mai dernier), "réglementant l’information des consommateurs sur l’augmentation des prix des produits dont la quantité a diminué", dès le 1er juillet prochain, les distributeurs devront obligatoirement indiquer lorsqu’un produit alimentaire change de taille.

L’indication devra en particulier préciser l’évolution du prix rapporté au poids, afin que le consommateur connaisse la vraie évolution du prix.

Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique

Affichage obligatoire

Durant deux mois de commercialisation, une affichette visible et lisible devra être apposée à proximité du produit concerné, avec une mention du type : "Pour ce produit, la quantité vendue est passée de X à Y et son prix au (unité de mesure concernée) a augmenté de …% (ou de …€)".

En cas de réduflation, les supermarchés auront obligation de la signaler sur une affichette jusqu'à deux mois après la commercialisation du produit concerné.
En cas de réduflation, les supermarchés auront obligation de la signaler sur une affichette jusqu'à deux mois après la commercialisation du produit concerné.

La réduflation, mot issu de la contraction de "réduction" et "inflation", est pourtant bel et bien légale.
Les entreprises qui en usent entendent ainsi maintenir leurs marges, ni vu ni connu, surtout sur les articles de grande consommation. 

D’où le fait que Bercy intervient quant à l’information délivrée aux clients, en cas de réduction de poids ou de volume d'un produit.

La mesure s’applique à toutes les grandes surfaces de plus de 400 m2. En premier lieu, elle vise les denrées alimentaires et les produits non alimentaires, comme la boîte de petit pois, la bouteille de soda, ou encore le tube de dentifrice, commercialisés généralement en quantité constante... c’était, du moins, le cas jusqu’à la réduflation. 

En cas de manquement, les sanctions encourues seront une amende de 3000 euros maximum, pour une personne physique et 5000 euros maximum, pour une personne morale.