En 2024, 90 % des journées plus chaudes en Outre-mer comparées à la fin du siècle dernier

Soleil et ciel bleu.
Franceinfo a comparé les températures enregistrées ces 365 derniers jours dans neuf stations météos d'Outre-mer avec la moyenne de celles sur la période 1971-2000. Résultat : 330 jours en 2024 ont été plus chauds que ces dernières décennies dans les départements, régions et collectivités ultramarines.

Fin octobre, début novembre, la Guyane suffoque. 36,5 °C à Régina. 38,2 °C à Maripasoula. Et même 39,3 °C à Grand-Santi. Le département amazonien est en déficit pluviométrique depuis 18 mois. La sécheresse guette. Le fleuve Maroni s'assèche à vue d'œil. Les communes de l'Ouest, qui dépendent du ravitaillement par pirogue, se retrouvent isolées. On craint les pénuries. Heureusement, les pluies sont depuis revenues. Le 19 décembre, les autorités ont enfin pu lever le plan ORSEC eau.

Avec le réchauffement climatique, ce genre de situation risque de se répéter encore et encore. Et de s'aggraver. "Avec 28,5 °C [en moyenne en Guyane], novembre 2024 devient le deuxième mois de novembre le plus chaud depuis le début des mesures", note Météo-France dans son bulletin climatique mensuel.

Le cas de la Guyane n'est pas unique ni anecdotique. Mayotte, Nouvelle-Calédonie, Martinique... L'ensemble des territoires d'Outre-mer a connu une année 2024 relativement chaude. Ou, du moins, plus chaude que ce que l'on connaissait il y a  25, 35 ou 45 ans. C'est ce que démontre Franceinfo, qui a utilisé les données de Météo-France pour calculer les écarts de températures tous les jours de l'année avec la moyenne de celles qu'a connues la France entre 1971 et 2000. Résultat : en 2024, la France a enregistré des températures plus élevées qu'à la fin du siècle dernier sur une grande majorité des journées (268 jours sur 365).

99 % des jours plus chauds à Maripasoula

Les journalistes de Franceinfo se sont, dans ce cadre, penchés sur les relevés des températures dans les Outre-mer. Et, le constat est encore plus frappant : dans les neuf stations météo d'Outre-mer étudiées (deux en Guyane, puis une en Guadeloupe, en Martinique, à La Réunion, à Mayotte, à Saint-Pierre et Miquelon, en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française), en moyenne 90 % des journées de l'année 2024 ont été plus chaudes que celles de la période 1971-2000.

Encore plus frappant : dans quatre stations, presque toute l'année a vu les températures dépasser celles de la période de référence (1971-2000). C'est le cas à Matoury, en Guyane (avec 96 % de journées plus chaudes), au Lamentin, en Martinique (98 %), à Pamandzi, à Mayotte (98 %), et à Maripasoula, en Guyane (99 %).

Si le réchauffement flagrant des températures touche particulièrement les territoires d'Outre-mer, les observateurs relativisent : ces anomalies sont moins prononcées dans les départements et collectivités ultramarines que dans l'Hexagone. "[En Outre-mer,] trois quarts des journées se sont cantonnées sous les +2,5 °C, tandis que dans l'Hexagone, ce même chiffre grimpe à +4,8 °C", note Franceinfo

Cependant, "le changement climatique dans les petites îles ne se résume pas à la hausse des températures", rappelle Ali Belmadani, climatologue spécialiste des Outre-mer à Météo-France, interrogé par le site d'information.

En effet, dans son dernier rapport publié en septembre, l'ONG Réseau Action Climat soulignait que les territoires ultramarins étaient en première ligne face au changement climatique. Blanchissement des coraux, érosion côtière, perte de biodiversité, montée des eaux, phénomènes météorologiques plus intenses et plus dévastateurs à l'image du cyclone Chido à Mayotte... Les risques sont grands pour les écosystèmes et les populations, forcées de s'adapter.

"Pour réduire les impacts, il va falloir des moyens pour les collectivités locales. Des moyens financiers, mais aussi humains et techniques", préconisait le co-auteur du rapport Benjamin Crettenand auprès d'Outre-mer la 1ère, en septembre.