À Maripa-Soula cela fait des mois que la desserte aérienne se dégrade, pourtant c'est le seul moyen d'accès sécurisé à ce bassin de vie de près de 20000 habitants.
Un mode vie dégradé économiquement et socialement
Maripa-Soula est une commune de 10000 habitants et ces derniers se sentent dans le flou complet face à la problématique desserte aérienne irrégulière et insuffisante à l'ouest de la Guyane. Une problématique qui se pose également pour la commune voisine, Papaïchton, ainsi que de nombreuses autres communes en Guyane qui n'ont pas de routes pour les relier au littoral. Franklin Akinocho habite Papaïchton, Il estime que sa commune est plus isolée que jamais : "Aller à Cayenne, Saint-Laurent pour des achats, cela est compliqué. On ne peut pas se déplacer, la fin de l'année arrive et tous les habitants de Maripasoula et Papaïchton sont limités..."
Pas d'avion régulier, pas de route, un fleuve à sec, l'isolement s'installe
La Collectivité Territoriale de Guyane a mis en place un pont aérien qui est encore en construction. Pour l'heure, la population estime que la seule solution viable à ce jour c'est la pirogue et il faut au moins 7h de transport sur le fleuve du Maroni pour rejoindre la capitale de l'ouest. La saison sèche a entraîné la baisse des eaux du fleuve avec des rochers qui affleurent, le trajet devient très dangereux.
L'impact est multiple, économique surtout. L'avion de secours qui doit remplacer air Guyane priorise ses passagers selon certains motifs impérieux. Carlos Adaoude, artiste peintre, vit de son art, il n'a aujourd'hui aucune visibilité sur la suite des événements.
Pas d'avion, pas de routes et la pirogue dangereuse, il faut faire preuve de créativité si on veut sortir de la commune. Le transport aérien privé coûte cher, environ 2000 euros selon la destination. David crochet est le directeur de l'association "chercheur d'autres", il a créé un groupe WhatsApp pour du co-avionnage qui a réuni 150 personnes.
La seule pharmacie du bassin de vie à Maripasoula est l'une des premières enseignes à avoir constaté une diminution des dessertes au fil du temps depuis 2020. En mars 2023, le directeur tire la sonnette d'alarme, la CTG répond rapidement et assure la continuité du transport. Aujourd'hui le réassort des médicaments se fait de manière totalement aléatoire et coûte très cher à Christophe Martinez, docteur en pharmacie, directeur de l'officine Kangkangti.
Vie sociale, économie, culture, et tourisme également sont pris en otage par la liquidation d’Air Guyane. Chez Dédé est le restaurant emblématique de Maripasoula, tenu par Méda Médeline Alfred, elle estime faire le quart de son chiffre d'affaires habituel et réclame de l'aide.
Le pont aérien mis en place par la collectivité territoriale de Guyane va combler le vide ce mois d'octobre, mais les 7 prochains mois en attendant la délégation de service public provisoire risquent d'être longs.