Mouvements de terrain : la faute, en partie, à la sécheresse !

Visuel utilisé à chaque arrêté préfectoral de restriction d'eau.
Pourquoi des pants entiers de terrains et des blocs de pierres s’effondrent, progressivement ou subitement ?
On a tendance à attribuer ce phénomène aux seuls séismes.
Mais, en réalité, l’eau y est pour quelque-chose... 
Interview.
Quand l'eau manque, la terre se fendille ; ce qui entraîne l’instabilité des constructions.
Et, quand il y en a trop d’un coup, cette terre sèche s’en va avec les flots ; les bâtis exposés ne résistent pas non plus.

Entretien « Alerte Guadeloupe », avec Christophe Valère MONTOUT, responsable de l’unité climatologie du centre Météo France de Guadeloupe.
 

Mouvements de terrain : la faute, en partie, à la sécheresse !

Alerte Guadeloupe : Vous tenez à nous alerter sur un risque dont on parle moins, mais dont les conséquences sont catastrophiques : la sécheresse.

Christophe Valère MONTOUT :  C’est vrai que les cyclones nous marquent. Mais le risque le plus important, en
Guadeloupe, c’est la sécheresse. Nous avons un climat océanique tropical ; cela veut dire que, normalement, il ne pleut pas. S’il pleut, c’est grâce à la montagne, qui barre les nuages. D’où le fait que l’on ait des pluies anormales, qui tombent drastiquement, d’un seul coup. Et, le reste de l’année, il ne pleut pas. Il pleut très rarement, en Guadeloupe ! A Paris, il pleut trois fois plus souvent qu’en Guadeloupe. Il pleut dix fois plus souvent, à Brest, que chez nous. On ne s’en rend pas compte, parce que les gens gardent en mémoire la « pluviométrie » (c'est-à-dire la quantité de pluie tombée), mais pas la « pluviosité » (combien de fois il a plu).

« La sécheresse est le premier aléa provoquant des risques en Guadeloupe ; pire que les tremblements de terre. »

A.G. : Beaucoup de domaines sont impactés ?

C.V.M. : Elle provoque beaucoup de ravages. A Météo France nous sommes habilités à ne parler que de la sécheresse pluviométrique (est-ce qu’il pleut, ou pas ?), qui est prépondérante. Mais en réalité, il y a plusieurs types de sécheresse. La DEAL [Direction de l'environnement, de l'aménagement et du logement] va parler de la sécheresse agronomique (est-ce que l’eau est tombée au sol ?). La BRGM [Bureau de recherches géologiques et minières] va chercher à savoir si l’eau s’est infiltrée dans les sols. L’Office de l’eau va s’intéresser à l’eau qui est retenue et qui arrive à nos robinets. Question posée par les consommateurs, à portée économique : est-ce qu’il y a de l’eau pour se laver et pour fonctionner ?... Tout cela pour dire que la sécheresse dépend de ce que l’on fait de l’eau. Or, on peut rester des mois entiers, en Guadeloupe, sans qu’il ne pleuve.

A.G. : Et, donc, l’environnement en pâti aussi...

C.V.M. : D’abord, les arbres meurent. Or, ce sont les arbres qui tiennent le sol. La terre est un agrégat de plusieurs types de cailloux. L’eau sert de colle.
Des fois, l’eau n’arrive pas en surface, alors qu’il y a de l’eau en-dessous. Donc, il ne pleut pas suffisamment pour garder le sol compact ; il est sec, il se fendille. C’est ainsi que beaucoup voient leur maison se fissurer... jusqu’à se détruire, parfois. On croit, à tord, que ce sont des séismes qui sont à l’origine de ce phénomène.
A l’inverse, s’il y a trop d’eau en surface, cela devient liquide et glisse sur la partie du sol plus dure. C’est ce qui crée des glissements de terrain.
Autant de conséquences dues au fait qu’il n’ait pas plu auparavant.
Le risque majeur, en Guadeloupe, c’est celui-là ! La sécheresse c’est tout le temps ! Chaque année !

A.G. : Qu’est ce que cela augure ?

C.V.M. : Le changement climatique va aggraver les choses. La sécheresse va augmenter. Le nombre de jours de sécheresse – et le nombre de jours chauds – va augmenter... et de beaucoup.
Il va falloir urbaniser autrement, planter autrement, se nourrir autrement. C’est à nous de nous adapter.
 
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