Les sucreries vont-elles revoir à la hausse leur proposition du 8 mars, à savoir 1€ d'augmentation par tonne de canne ? L'intersyndicale créée entre temps avec quatre des cinq syndicats agricoles, réclame "une juste revalorisation" du prix usine, soit une hausse de 10€ par tonne pour arriver à 42,34€.
Mais la part industrielle, elle-même largement subventionnée, ne représente qu'environ 40% des recettes du planteur. Le reste est constitué de diverses aides de l'Etat.
C'est l'autre volet des négociations menées cette fois entre l'Iguacanne et la DAAF, avec une difficulté de taille : comment s'engager sur six ans dans un contexte d'inflation galopante, et incontrôlable ? D'où cette demande de l'interprofession d'intégrer dans la "convention canne" 2023-2028 une clause de revoyure annuelle au cas où, par exemple, la flambée des prix des engrais se poursuivrait.
En attendant, l'intersyndicale agricole estime que le prix global de la tonne de canne doit passer de 82€ actuellement à 130€. Le dénommé "Collectif des planteurs" surenchérit lui à 156€.
Selon les différentes avancées, nous en sommes à 97€, soit 15€ de hausse.
Un repère : sur l'Île de la Réunion, où la convention canne 2022-2027 a été signée en juillet, le prix global de la tonne de canne est passé de 86 à 103€, une augmentation de 17€ assurée quasi exclusivement par les aides publiques aux planteurs.
461 000 tonnes à récolter
Outre le prix de la tonne de canne, il reste également à fixer les tarifs des prestations de coupe, facturées aux planteurs. Car les opérateurs de récolte réclament eux aussi une réévaluation.
Les prévisions de tonnages pour cette récolte 2023 sont désormais connues. Les dernières commissions mixtes ont eu lieu la semaine dernière. Les Sica, chargées d'évaluer les volumes de cannes récoltables ont avancé leurs chiffres. Ils sont en hausse dans tous les bassins par rapport à la production de l'an dernier, sauf en Basse-Terre où les évaluations font état d'un recul de près de 10% avec 135 000 tonnes, alors que ce bassin est habituellement le plus fourni.
C'est dans le nord Grande-Terre que l'on attend le plus de cannes : plus de 156 000 tonnes, +15%. Dans le bassin du centre et sud Grande-Terre, 30% de plus sont annoncés avec 114 000 tonnes. Même tendance pour Marie-Galante avec 56 000 tonnes contre moins de 43 000 coupées l'an dernier.
Au total, cela donne à peine plus de 461 000 tonnes de cannes, soit 10% de plus qu'en 2022, et ce sont là les prévisions les plus optimistes. Le volume final pourrait ne pas dépasser les 420 000 tonnes, à peu près l'équivalent de l'an dernier.
Une misère donc, car un autre chiffre est très parlant : les achats d'engrais pendant l'inter-campagne ont chuté d'environ 30% et notamment parce que beaucoup de planteurs n'avaient pas les moyens d'acheter ces fertilisants à prix d'or. La croissance des cannes s'en ressent et leur poids va encore diminuer avec la sécheresse. Il faut donc les récolter tant qu'elles sont au moins chargées en sucre.