Partir et revenir : comment la mobilité des natifs de la Guadeloupe influe-t-elle sur leur parcours de vie ? Sur la vie de famille ? Sur la solidarité intergénérationnelle ?

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L’INED, Institut National d’Études Démographiques, a construit une enquête spécifique aux départements d’outre-mer. Cette enquête socio-démographique porte sur les migrations, la famille et le vieillissement dans notre département. Cette enquête menée en collaboration avec l’INSEE a été réalisée de janvier 2020 à juin 2021 à partir d’un échantillon de 3.000 personnes interrogées, dix ans après la première édition. Elle s’articule autour de trois thématiques : migrations-famille-vieillissement

Point de départ de cette enquête de l’INED, les migrations. Qui est parti ? Qui est resté ? Qui est revenu ? Parmi les natifs de Guadeloupe (de 18 à 65 ans) qui sont partis pour au moins 6 mois puis reviennent, 2/3 sont mieux formés et plus qualifiés. Leur migration a donc constitué un avantage à leur retour au pays.
A contrario, ceux qui n’ont jamais quitté la Guadeloupe cumulent les difficultés socio-économiques. Ces « sédentaires », comme les appellent l’INED, demeurent à 61% prêts à quitter la Guadeloupe pour un emploi. Mais les jeunes filles veulent moins bouger que les jeunes hommes.

Pourquoi ? Parce que 40% des Guadeloupéennes de 18 à 34 ans ont déjà au moins un enfant. C’est le point 2 : la famille. La charge d’une famille est le principal obstacle à leur mobilité.
Les Guadeloupéennes font moins d’enfants et ont des enfants moins précocément qu’il y a 10 ans. Mais on le sait, elles les élèvent souvent seules. Et ce qui frappe dans cette étude c’est l’approche originale de la monoparentalité. 60% des enfants guadeloupéens ont connu durant leur enfance (c’est-à-dire de 0 à 10 ans) au moins une période de vie monoparentale. 30% ces enfants ont vécu toute leur enfance sans leur père. Ils vivent à 41% sous le seuil de pauvreté avec une mère non diplômée.

Et sur qui comptent ces parents qui vieillissent ? C’est le point N°3 : la vieillesse. Ces personnes qui vieillissent et dont les enfants vivent éloignés, de plus en plus souvent dans l’hexagone. La part des 50-79 ans dont tous les enfants vivent en dehors de la Guadeloupe est en hausse depuis 10 ans (on est passé de 18% à 24%). La solidarité intergénérationnelle reste importante mais selon cette enquête, les personnes âgées reçoivent moins d’aides de leurs proches qu’il y a 10 ans.

Singulièrement, les trois grands thèmes retenus évoquent toutes ces réalités des Guadeloupéens.

©Guadeloupe

Pour voir l'ensemble de l'enquête "Migrations, Famille et Vieillissement (MFV2) en Guadeloupe menée par l'Institut national d'études démographiques

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