Personnels non vaccinés du CHU : premières suspensions de contrats prévues mercredi, finalement

Presque qu'un statu quo, au CHU de la Guadeloupe, ce lundi. Les premières suspensions de contrat annoncées, des personnels non vaccinés, n'ont pas eu lieu. Elles interviendront mercredi, selon un nouveau calendrier. Les militants UTS-UGTG étaient, quant à eux, peu nombreux, sur le piquet de grève.

Comme un délai supplémentaire accordé aux retardataires encore susceptibles de se faire vacciner, contre la Covid-19 : les premières suspensions de contrat des salariés non en règle, au regard de la loi du 5 août 2021, n'ont pas eu lieu, ce lundi 11 octobre, au Centre hospitalier universitaire de la Guadeloupe (CHUG). Contrairement à l'annonce faite par le directeur général de l'établissement, Gérard Cotellon, vendredi dernier, la sanction a été repoussée. Un nouveau calendrier d'application a été communiqué, à l'Union des travailleurs de la santé (UTS-UGTG), qui mène la fronde contre l'obligation vaccinale, sur place.

Deux jours de sursis

Finalement, selon le nouveau calendrier, les suspensions de contrats des "encadrants, directeurs et médecins" non vaccinés débuteront le 13 octobre (au lieu du 11) ; environ 80 salariés sont concernés (9% de cette catégorie d'emploi).
Les personnels des "services administratif, technique et logistique" seront ensuite visés, à compter du 21 octobre, soit approximativement 470 personnes (66%).
Enfin, suivront les "agents paramédicaux", le 28 octobre ; ils sont encore près de 1200 à n'avoir reçu aucune dose de vaccin, contre la Covid-19 (54%).

Ainsi, au total, plus de 2000 salariés du CHUG (54% de la masse salariale) risquent d'être écartés de leurs fonctions. Une lettre de mise en demeure de se conformer à l'obligation vaccinale aurait déjà été envoyée à la plupart d'entre eux.

Selon Gaby Clavier, délégué syndical de l'UTS-UGTG au CHU, c'est le troisième calendrier qui leur est envoyé, à ce sujet. Il estime que la déclaration du Directeur de l'hôpital, au sujet du lancement des suspensions de contrats, dès ce lundi, n'était qu'une menace de plus, pour faire bouger les lignes.
Pour autant, les militants opposés à l'obligation vaccinale entendent rester fermes sur leur position. L'offre de soin sera au point mort sans eux, affirme Gaby Clavier.

Nou trè clèr, nou trè fèrm, nou trè seren. Lopital lapwent kon pon lopital gwadloup pé ké fonksyoné san lé swanyan kè nou yé jòdi-la. Dézièman : pon moun pé ké ranplasé nou. Twasyèman : si nou paka travay, Cotellon pé ké travay non plis, pon kadr de dirèksyon péké travay non plis. Si nou paka touché, yo péké touché non plis.

 

[Traduction du créole]Nous sommes très clairs, fermes et sereins. L'hôpital de Pointe-à-Pitre (comme aucun hôpital de Guadeloupe) ne fonctionnera pas sans les soignants que nous sommes. Deuxièmement : personnes ne nous remplacera. Troisièmement : si nous ne travaillons pas, Cotellon ne travaillera pas non plus, aucun cadre de direction ne travaillera non plus. Si on ne perçoit pas nos salaires, ils ne toucheront pas le leur non plus.

Gaby Clavier, délégué syndical de l'UTS-UGTG au CHU

Gaby Clavier ©Eddy Golabkan et Ronhy Malety - Guadeloupe La 1ère

 
Faible mobilisation ce lundi

Les militants mobilisés contre l'obligation vaccinale étaient peu nombreux, sur le piquet de grève du CHUG, ce lundi 11 octobre. Selon leur explication, ils font en sorte de se relayer, sur place.
Les personnes présentent avancent leurs arguments, contre l'obligation vaccinale. Une mesure qu'elles jugent injuste et liberticide. 

Ici, on est mobilisés, mais ce n'est pas seulement en tant qu'agents, mais aussi en tant que citoyens, en tant qu'habitant du territoire. L'accès aux soins va être fortement pénalisé, ces prochains jours !

Delphien Isaac, technicienne de laboratoire 

 

C'est du jamais vu, en Guadeloupe : qu'on puisse se permettre d'attaquer des soignants, qui sont au chevet des patients, qui ont bravé l'incendie du CHU en 2017, qui ont eu des éloges (...) et maintenant on leur dit "màche, dèwò !" [Partez, dehors !]

Yolaine Phéron, technicienne de laboratoire 

 

C'est un vaste génocide ! (...) J'aimerais que la Guadeloupe se réveille un peu. je ne sais pas si c'est le chlordécone qui nous a endormis, mais alors nous sommes endormis ! Et peut-être que quand on va se réveiller, il sera trop tard.

Gabrielle, militante anti-vax

Militants anti obligation vaccinale ©Eddy Golabkan et Ronhy Malety - Guadeloupe La 1ère

Entre les parties, chacune certaine d'être dans le vrai, le rapport de force peut s'éterniser. 
Jusqu'où ira l'UTS-UGTG, qui se considère en légitime défense, pour défendre son point de vue ? La direction du CHUG va-t-elle effectivement suspendre les contrats de l'ensemble des salariés non vaccinés, soit plus de 2000 agents ?

Question subsidiaire : et les patients Guadeloupéens dans tout cela ?
Pour rappel, nombre de personnes mourront, dans les mois et années à venir, de n'avoir pas été dépistées et/ou prises en charge, pour d'autres pathologies, alors que la Covid-19 mobilise l'attention de tous.