Pierre Sainte-Luce, nominé du prix littéraire Fètkann, Maryse Condé 2020

Le premier ouvrage du docteur Pierre Sainte-Luce, "Colored", fait partie des nominés du prix Fètkann, Maryse Condé 2020 dans la catégorie Mémoire. Une nouvelle que l'entrepreneur vit comme une immense victoire. Entretien.
Guadeloupe la 1ère : Quelle a été votre réaction à l’annonce de cette nomination ?

Pierre Sainte-Luce : Dans un premier temps, je suis très fier que Raphaël Confiant ait fait un article sur moi, qu’il ai lu l’ouvrage et donné son avis plutôt positif. C’est un auteur que j’apprécie beaucoup, je lis tous ses ouvrages. Alors qu’il s’intéresse à mon livre c’est vraiment parfait. Ensuite, j’étais très ému et surpris d’être sélectionné parmi une cinquantaine de prétendants. Je suis quand même aux côtés d’écrivains prestigieux et présents depuis longtemps sur la scène littéraire. C’était déjà une belle victoire. Mais alors là, se retrouver dans le peloton de tête avec des personnalités de Schwartz-Bart c’est quand même particulier. Ça donne envie de continuer à écrire.
 

Il faut sublimer nos ancêtres. Il ne faut pas les oublier

Pierre Sainte-Luce



Guadeloupe la 1ère : Comment avez-vous eu l’idée d’aborder le thème de la Mémoire mais chez un jeune Antillais du 21ème siècle, très ancré dans son temps ?

P.S-L. : En fait, c’est une quête personnelle. J’essaie de la faire partager à d’autres. Ma fille, qui est l’héroïne de cet ouvrage, n’a pas fait cette demande. Je constate simplement que dans l’évolution de notre civilisation Guadeloupéenne, nous oublions que nous sommes un mélange de Français, d’Indiens, d’Africains et de Caribéens. Nous nous contentons de vivre au jour le jour. Or, il faut sublimer nos ancêtres. Il ne faut pas les oublier.

D’un point de vue personnel, j’ai voulu connaître mes ancêtres car ma fille connaît parfaitement ses ancêtres du côté de sa mère, qui est métropolitaine. Dans le livre, elle est portée par cinq générations alors que moi, l’auteur, je ne connais même pas mes grands-parents. Je n’ai aucune photo d’eux. Quand j’ai fait des recherches la lignée Sainte-Luce s’arrête très vite. Et je ne suis pas le seul. Il a fallu que j’invente une ancêtre pour l’ancrer dans ma lignée personnelle. C’était important pour moi.

Guadeloupe la 1ère : Comment votre fille a-t-elle vécu d’être transportée dans une telle aventure ?

P.S-L. : Très spécialement. Elle est assez intimidée de se retrouver l’héroïne d’une histoire qui la dépasse un peu. Elle le vit bien, car elle est bien ancrée dans son temps. Encore aujourd’hui, à l’annonce de la nomination, elle a constaté à quel point elle s’était retrouvée embarquée dans cette histoire.
 

J'écris à partir d'ouvrages que j'ai lus, ce n'est pas une fiction complète

Pierre Sainte-Luce



Guadeloupe la 1ère : Vos personnages voyagent dans le temps. N’était-ce pas difficile, en tant qu’auteur de ne pas s’y perdre ?

P.S-L. : J’ai une formation de sociologue, j’ai beaucoup travaillé la biographie. Pour cet ouvrage, j’ai lu énormément de livres d’Histoire et c’est à partir de leurs faits que j’écris. Ce n’est pas une fiction complète. Ainsi, plusieurs anecdotes me plaisent bien. Mon aïeule, Elsa, est accoucheuse et elle est contemporaine du Chevalier de Saint-Georges. Elle sera donc la sage-femme de Nanon la mère du Chevalier et aidera à sa venue au monde. Dans sa bonté, le chevalier lui dédicacera une composition.