Pointe-à-Pitre réduit petit à petit son déficit mais des efforts restent à faire selon un avis de la Chambre régionale des Comptes

Pointe-à-Pitre
Ce n'est pas encore ça mais c'est déjà mieux. C'est ainsi que l'on pourrait résumer l'avis de la Chambre régionale des Comptes du 13 août sur le compte administratif 2023 de la ville de Pointe-à-Pitre et sur son budget primitif 2024. Le mieux puisque le déficit est ramené à 6 millions d'euros et le reste à faire notamment sur la réduction des charges de la ville.

C’est le préfet de Guadeloupe qui avait saisi la Chambre régionale des Comptes pour un avis budgétaire concernant la santé financière de Pointe-à-Pitre.

Une santé précaire mais la ville part de loin. Avec des dettes bancaires de 43 millions d’euros en 2020 Pointe-à-Pitre était en pleine asphyxie.
L’arrivée de la nouvelle municipalité a permis de mettre en place une autre politique budgétaire qui s’appuie depuis, sur des aides financières exceptionnelles tel que le dispositif COROM qui implique un soutien de l’Etat dans le redressement des comptes de la ville. 

Pour la municipalité de Pointe-à-Pitre, il y a de quoi se réjouir à la lecture du dernier avis de la Chambre régionale des Comptes publié le 13 août dernier.
Et pour cause, progressivement, la dette de la ville diminue. Le maire envisage désormais d'investir, pour améliorer un tant soit peu, la vie des Pointois. 

Nous avons pris cette ville avec un déficit qui oscillait entre 76 et 80 millions d'euros. Nous nous sommes attachés, pendant les 4 premières années de mandature à payer les arriérés, plus de 43 millions de dettes bancaires, 12 millions de dettes fournisseurs bloqués à la Perception. Donc, nous avons d'abord payé les dettes du passé en nous servons des crédits qui nous étaient alloués pour le présent. Donc aujourd'hui, les Pointois ont fait suffisamment de sacrifices. C'est pour cela que nous considérons que c'est une belle avancée que d'avoir réduit le déficit à moins de 10 millions d'euros. La Chambre régionale des Comptes dit 6 millions au 31 décembre 2023. Et nous avons décidé d'investir les 4 millions d'excédents que nous avons dégagés l'année dernière pour pouvoir améliorer le cadre de vie des Pointois : réparer quelques parkings, réparer quelques rues et rendre l'environnement de Pointe-à-Pitre plus agréable. 

Harry Durimel, maire de Pointe-à-Pitre

Une hirondelle qui n'annonce pas encore le printemps de la ville, selon l'opposition municipale. Elle ne manque d'ailleurs pas de souligner l'énorme contribution à cette amélioration de la vente du patrimoine immobilier de la ville. Cela, sans que l'assiette fiscale ne se soit élargie. 

Nous notons notamment qu'il n'y a pas de recettes nouvelles pour la ville de Pointe-à-Pitre. Il y a encore beaucoup de charges. On arrive à un déficit de - 6 millions par rapport au fait qu'il y ait eu les ventes auprès de la SIG. Comptablement, on peut penser que la situation se résorbe, mais humainement, ce n'est pas encore le cas. La deuxième chose est que les taxes sont encore très élevées à Pointe-à-Pitre. Et que selon le retour des commerçants, des gens qui veulent venir à Pointe-à-Pitre, ils notent que cela perd encore en attractivité. Pointe-à-Pitre n'est pas encore assez attractive au regard des taxes. Il n'y a pas une assiette fiscale qui viserait à avoir plus de recettes pour la ville autre que les charges. Et il faut aussi noter que l'Etat a beaucoup aidé la ville.

Loïc Martol, conseiller municipal de l'opposition

Il reste désormais deux années aux uns pour faire la preuve de cette amélioration dans la vie des Pointois, aux autres pour faire la preuve du contraire avant que l'arbitre électeur ne vienne les départager dans les urnes municipales. 

Les recommandations de la CRC

La CRC préconise une diminution des charges à caractère générale et de la masse salariale. Les marges fiscales restant faibles, Pointe-à-Pitre doit donc trouver des solutions pour payer ses dettes et poursuivre ses investissements notamment ceux en lien avec l’amélioration du cadre de vie de ses habitants. Un véritable casse-tête qui oblige l’équipe municipale à faire des choix. Notamment celui de continuer à creuser raisonnablement les déficits pour mener à bien des projets structurants.

C’est en cela que le budget 2024 sera clôturé avec un déficit de plus de 9 millions d’euros. Même si 15 millions d’euros ont été remboursés en 3 ans, restent encore près de 30 millions d’euros à trouver pour les banques seulement. Sans parler de la charge salariale et de la section de fonctionnement de la collectivité.

Quoi qu’il en soit, le Préfet devrait régler ce budget 2024, mais la Chambre réitère ses recommandations en vue d’un redressement financier de la ville et cela pour encore plusieurs années.