C’est au sein de la Maison Saint-Vincent, au quartier de l’Assainissement, aux Abymes, que nous avons rencontré Franceline, en cette fin de mois de décembre 2023. Cette dame de 68 ans fait partie des bénéficiaires de l’association gestionnaire du centre d’hébergement et de réinsertion sociale ; le site accueille des personnes majeures, en situation de grande précarité, ou encore sans domicile fixe, notamment.
Franceline résidait chez sa fille. Mais, à cause des problèmes intrafamiliaux récurrents, la sexagénaire se retrouve aujourd’hui sans abris. Un beau-fils violent est à l’origine de sa descente aux enfers ; une situation qui a conduit à l’arrêt de ses projets professionnels.
Aujourd’hui, elle bénéficie du soutien des acteurs de la Maison Saint-Vincent. Pour autant, son quotidien reste difficile. Sa vie a basculé soudainement, selon son touchant récit.
C’est un membre de ma famille qui a demandé de m’interner, pour une prise en charge en curatelle*. J’étais chez ma fille et, chaque fois que ma fille n’était pas là, il s’en prenait à moi de manière explosive, qui dérange tout le quartier.
Franceline, 68 ans, sans abri
Confrontée aux dires de son gendre, il a fallu que Franceline prouve bénéficier de toutes ses capacités mentales, lors d’un contrôle avec un médecin psychiatre, qui n’a rien trouvé d’anormal dans son comportement.
Pour autant, les attaques permanentes subies ont fragilisé et perturbé Franceline.
Démunie et en difficulté au sein de sa famille, cette femme mûre a composé le 115, le numéro d’urgence sociale accessible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Dès lors, elle a été prise en charge dans une structure d’urgence, après une journée à l’hôpital.
Il restait une seule place, donc je l’ai prise, mais elle n’est pas adaptée à ma vie. Ça ne me dérange pas, mais je vais être orientée dans une autre structure, pour pouvoir reprendre mon activité professionnelle. On a du mal des fois à s’adapter aux règlements, parce qu’il y a les gens qui vous bousculent... et vous êtes dans une lenteur parce que, psychologiquement, vous passez un moment difficile. Mais ça ne veut pas dire que vous êtes anéantie. Moi, c'est mon cas. Je n’ai pas de carence.
Franceline, 68 ans, sans abri
À son âge, Franceline doit donc se plier aux règles très strictes de la structure qui l’accueille et vivre parmi des personnes de divers horizons, dont des toxicomanes et des repris de justice. Une épreuve qu’elle surmonte, à force de ténacité.
Je croyais que j’étais quelque part où on rentre le matin, on part comme on veut... Mais, en réalité, à 7h00 on vous met à la porte, vous revenez prendre le petit-déjeuner à 9h00, vous repartez à midi... ça m’a un petit peu perturbée. Au bout d’une semaine, je me suis rendue compte qu’il y a un personnel qui est qualifié. Mais, c’est très difficile. Ici, c’est vraiment l’urgence, vraiment la pauvreté. Il se pourrait que je sois orientée dans une autre structure, à Pointe-à-Pitre, quelque part où vous payez une chambre, vous faites ce que vous voulez.
Franceline, 68 ans, sans abri
Malgré tous ses déboires, Franceline reste optimiste quant à son avenir. Elle se voit vieillir entourée de ses petits-enfants et active aussi longtemps que possible.
Moi, j’ai la vision de ma vie. J’ai des petits-enfants, j’avais un programme et je devrais commencer une livraison de produits au mois de mai. Bon, ça va prendre un petit peu de retard. Je vais lâcher prise pendant 3-4 mois et renvoyer ce que j’avais à faire, peut-être au mois de juillet, parce que rien ne presse.
Franceline, 68 ans, sans abri
Une force de caractère qui invite au respect et qui prouve qu’il ne faut jamais perdre espoir et se battre. En cas de besoin d’un coup de pouce, des associations sont là pour soutenir ceux qui sont confrontés aux difficultés de la vie.
POUR ALLER PLUS LOIN/
*La maladie, le handicap, l'accident, la sénilité, la simplicité d'esprit, par exemple, peuvent altérer les facultés d'une personne et la rendre incapable de défendre ses intérêts. Le juge peut alors décider d'une mesure de protection juridique par laquelle une autre personne l'aide à protéger ses intérêts. Dans ce cadre, placée sous curatelle, la personne peut effectuer les actes de la vie courante (elle continue à gérer ses biens), mais elle doit être assistée dès lors qu'elle veut les vendre ou en acheter d'autres. Elle peut par exemple conclure un bail, mais elle ne peut pas vendre seule son appartement. (Source : service-public.fr)