Onze civils, dont deux mineurs, ont été tués au Venezuela, lors des manifestations contre la réélection de Nicolas Maduro, proclamé président par le Conseil national électoral, selon un décompte réalisé par plusieurs Organisations non gouvernementales (ONG) de défense des droits humains.
Cinq ont été assassinées à Caracas. Nous sommes préoccupés par l’utilisation d’armes à feu lors de ces manifestations.
Alfredo Romero, directeur de l’ONG Foro Penal
Une douzième victime a été signalée par le procureur général Tarek William Saab : un militaire tué par balle.
On déplore aussi sur place de très nombreux blessés et des arrestations d'opposants au pouvoir.
Opposition et pouvoir en place s’accusent mutuellement
Le président réélu contesté a accusé, mardi (30 juillet 2024), l’opposition d’être "responsable de la violence", lors d'une réunion de crise conjointe du Conseil d'État et du Conseil de défense, regroupant tous les pouvoirs du pays.
Je vous tiens pour responsable (...) de tout ce qui se passe au Venezuela, de la violence criminelle, des blessés, des morts, de la destruction. Vous serez directement responsables, M. Edmundo Gonzalez Urrutia [NDLR : candidat de l'opposition] et Mme Maria Corina Machado [NDLR : cheffe de l'opposition].
Nicolas Maduro, président vénézuélien
Le président de l'Assemblée nationale du Venezuela partage l’avis de Nicolas Maduro. Jorge Rodriguez a estimé mardi que le candidat de l'opposition et la cheffe de l'opposition "devraient être arrêtés", les accusant d'être responsables des troubles post-électoraux.
Maria Corina et Edmundo doivent être arrêtés. On ne négocie pas avec le fascisme, on applique toute la rigueur des lois de la République.
Jorge Rodriguez, président de l'Assemblée nationale du Venezuela
Le candidat de l'opposition vénézuélienne Edmundo Gonzalez Urrutia, qui revendique la victoire face au président Nicolas Maduro, a appelé mardi l'armée à ne pas "réprimer le peuple", lors d'un rassemblement de partisans de l'opposition à Caracas.
Messieurs de l'armée (...), il n'y a aucune raison de réprimer le peuple du Venezuela, il n'y a aucune raison de persécuter autant.
Edmundo Gonzalez Urrutia, candidat de l'opposition vénézuélienne
Le Conseil national électoral (CNE), qui n'a pas donné le détail des résultats, a proclamé Nicolas Maduro vainqueur de l'élection présidentielle avec 5,15 millions de voix (51,2%), devant Edmundo Gonzalez Urrutia qui aurait totalisé 4,5 millions de voix (44,2%).
Toutefois, l'opposition, qui assure avoir rassemblé plus de 80% des bordereaux de vote, dit que selon ses relevés M. Gonzalez Urrutia a gagné avec environ 70% des voix. Elle dénonce une "fraude massive".
La communauté internationale réagit
La répression des manifestants ou de l'opposition au Venezuela est "inacceptable", a jugé mardi la Maison Blanche à propos des troubles qui ont éclaté depuis le scrutin présidentiel de dimanche.
Les États-Unis soutiennent les aspirations démocratiques du peuple vénézuélien et leur droit à exprimer leurs opinions librement.
Karine Jean-Pierre, porte-parole de l'exécutif américain
Ce mercredi, le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, a réclamé la publication des résultats détaillés de la présidentielle au Venezuela, faute de quoi la réélection de Nicolas Maduro "ne peut être reconnue".
Nous demandons un accès immédiat aux procès-verbaux des bureaux de vote (...). Tant que les registres ne sont pas rendus publics et vérifiés, les résultats de l'élection qui ont été déclarés ne peuvent pas être reconnus.
Josep Borrell, chef de la diplomatie de l’UE
Ce 31 juillet, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a, à son tour, lancé un appel au calme au Venezuela.
Je lance un ferme appel au calme, au civisme et au respect des droits fondamentaux de tous les Vénézuéliens et Vénézuéliennes (...). La transparence est impérative dans les opérations de recomptage électoral. Pour pouvoir reconnaître les résultats, il faut pouvoir vérifier les votes de tous les bureaux.
Pedro Sánchez, Premier ministre espagnol
Les diplomates du G7, qui expriment leur "solidarité au peuple vénézuélien", demandent également "la plus grande modération dans le pays et une solution vénézuélienne pacifique et démocratique". Dans un communiqué signé des chefs de la diplomatie du Canada, de la France, de l'Allemagne, de l'Italie, du Japon, du Royaume-Uni et des Etats-Unis, ainsi que du haut représentant de l'Union européenne, les autorités du Venezuela sont appelées à "publier en pleine transparence les résultats électoraux détaillés" du scrutin présidentiel.
L'élection présidentielle au Venezuela n'a pas respecté les normes d'équité démocratique, a déclaré hier la fondation Carter, basée aux Etats-Unis, après que le président sortant Nicolas Maduro a été proclamé vainqueur du scrutin contesté.
L'élection présidentielle de 2024 au Venezuela n'a pas respecté les normes internationales d'intégrité électorale et ne peut être considérée comme démocratique.
Fondation caritative fondée par l'ex-président américain Jimmy Carter
Le Venezuela a rompu ses relations diplomatiques avec le Pérou, après que Lima a reconnu Edmundo Gonzalez Urrutia comme "président élu", alors que le Conseil national électoral a proclamé le président sortant Nicolas Maduro vainqueur de la présidentielle.