Dix mois de travaux sont nécessaires pour réparer la chaudière de l’usine de Grande-Anse, hors d’usage après l’incident majeur survenu le 14 avril. La campagne sucrière, qui venait de démarrer, ne reprendra pas.
« Le générateur de vapeur BR2 a eu un incident majeur ». Voilà ce qu’indique Michel Claverie, le directeur général de la Sucrerie Rhumerie de Marie-Galante, dans un courrier adressé samedi 17 avril au président de la SRMG, Athanase Coquin, ainsi qu’aux administrateurs et au commissaire aux comptes de l’entreprise.
Comme prévu, une équipe de techniciens est arrivée vendredi à l’usine, afin de constater et évaluer les dégâts, après l’importante avarie, survenue sur cette chaudière le 14 avril, deux jours seulement après le lancement de la campagne sucrière 2021. Les conclusions de l’expertise sont inquiétantes et révèlent un « incident » qui aurait pu prendre une tournure dramatique (lire encadré).
La chaudière est totalement hors service
« Tout d’abord, il y a eu un fonctionnement sans eau. La chaudière s’est vidée de son eau. Les tubes ont été chauffés au rouge à plus de 1 000 degrés », explique le directeur de la SRMG. « Une deuxième action inappropriée a alors été faite, en remplissant la chaudière d’eau. Un choc thermique considérable s’est produit : tous les tubes d’eau de la chaudière ont été refroidis brutalement, ce qui a entraîné la trempe de l’acier des tubes ». Michel Claverie évoque la couleur bleue qu’a pris l’acier, trempé et devenu cassant.
Le ballon supérieur de la chaudière est impacté. Les tubes, qui se sont déformés et fendus pour certains, se sont déboîtés du ballon supérieur, qui a subi lui-même un début de déchirement. Le choc a été tel que « les chicanes en briques réfractaires sont tombées, ainsi que certains murs de la chaudière ».
« En l’état, cette chaudière ne peut fonctionner, même avec une réparation de fortune ».
Dix mois de réparation
Les experts ont évalué la durée des travaux pour remettre en état la chaudière. « Il faut dix mois pour remplacer le ballon supérieur (six mois de délai minimum), retuber complètement et refaire la fumisterie. Ces travaux coûteraient au moins 1,5 million d’euros », indique Michel Claverie. Pour que l’outil puisse être opérationnel au 1er février 2022, la décision éventuelle d’engager de tels travaux s’impose dans les trois semaines, explique le directeur général.
« La campagne sucrière 2021 ne peut donc pas se faire »
La Sucrerie Rhumerie de Marie-Galante doit donc organiser rapidement un conseil d’administration, « pour décider des mesures de sauvegarde de la société ». Une réunion extraordinaire du CSE s’impose également, de même que celle de la commission mixte de bassin, qui regroupe tous les acteurs de la filière. Le courrier du directeur de la SRMG a été adressé en copie au sous-préfet de Pointe-à-Pitre, au directeur de la DAAF (Direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt), à celui de la DEAL (Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement), ainsi qu’aux dirigeants de la SICAMA, la coopérative des planteurs de canne de Marie-Galante, actionnaire à 47% de la SRMG.
Rappelons que durant l'intercampagne, la SRMG avait investi plus d'un million d'euros pour remettre en état cette chaudière, vétuste, qui subit des pannes à répétition. C'est pourquoi Athanase Coquin, le président de la SRMG, qui représente la SICAMA, se dit "surpris" par cet incident du 14 avril, qui va avoir des conséquences très lourdes pour l'ensemble de la filière canne à Marie-Galante.
L’explosion évitée de justesse
A en croire le directeur de la SRMG, la sucrerie a frôlé le pire lors de cet épisode du 14 avril. « Dans ce malheur, il n’y a eu aucun blessé », écrit Michel Claverie dans son courrier aux administrateurs. « C’est un miracle, car vu l’état de cette chaudière, elle aurait pu exploser. Néanmoins, il y a eu sûrement une déflagration à l’intérieur, vu l’état des murs et des chicanes ».