Procès d’Ary Chalus : la partie civile demande l’inéligibilité, pas le procureur

Ary Chalus, président de la Région Guadeloupe
Les réquisitions sont tombées, dans le procès d’Ary Chalus, ce vendredi matin. Le président de la Région Guadeloupe risque l’inéligibilité, si la cour suit la demande de la partie civile. Le procureur, plus clément, réclame de la prison avec sursis, ainsi que 3 ans d’interdiction d’activité sociale.

Ce vendredi matin (13 octobre 2023), deuxième et dernier jour de procès de l’actuel président de la région Guadeloupe, Ary Chalus, il a encore été question des 45 factures retrouvées au domicile de Dominique Descombes, à l’audience qui se tient au tribunal correctionnel de Basse-Terre.
45 factures plus ou moins libellées correctement qui, additionnées, dépassent les 170.000 euros, soit deux fois le plafond légal.
45 factures qui correspondent à autant de prestations réalisées, dans le temps de la campagne électorale, puis payées par l’Alliance Baie-Mahaultienne, cette association fondée et un temps présidée par Ary Chalus.
45 factures reconnues, pour la plupart, par Dominique Descombes, trésorier de l’association et mandataire financier de la liste "Changer l’avenir", dont le leader n’était autre qu’Ary Chalus, durant la campagne pour les élections régionales de 2015.
45 factures réfutées en bloc, par le président de Région.

Confronté aux autres co-prévenus, ce dernier a répété, à chaque fois, ne pas savoir, être très étonné et avoir fait confiance à l’équipe de campagne qui l’entourait. Cette ligne de défense a quelque peu agacé la présidente : "il y a un grand amateurisme, dans la gestion de vos finances", a-t-elle déclaré.

Maître Jade Dousselin, avocate de la partie civile a enfoncé le clou : pour elle, Ary Chalus est un omnipotent qui ne sait rien, qui n’entend rien, qui ne voit rien ; or, il est à la tête d’un système qui tient par la peur, selon son analyse. La représentante du Parti Socialiste et de Victorin Lurel a alors demandé une peine d’inéligibilité, à l’encontre de l’actuel président du Conseil régional.

Xavier Sicot va pourtant requérir une peine moindre, soit un an de prison avec sursis, 10.000 euros d’amende et 3 ans d’interdiction d’activité sociale. Pour le procureur de la République de Basse-Terre, il faut en effet tenir compte du fait que la quasi-totalité des faits reprochés sont antérieurs à la loi du 15 septembre 2017, dite loi sur la confiance dans la vie politique. Or, c’est ce texte qui prévoit expressément 3 ans de prison et 5 ans d’inéligibilité.

Assis au premier rang, Ary Chalus a alors esquissé un sourire.