Le procès, parti pour durer trois jours, s'est ouvert ce mercredi 13 octobre 2021, peu après 8h30, au sein du tribunal judiciaire de Pointe-à-Pitre.
L'adolescente Jade est jugée pour matricide, à huis clos, par le tribunal pour enfants, dans la salle d'audience 2. Elle a 16 ans et demi, aujourd'hui.
Le 6 juillet 2020, elle aurait mortellement blessé par arme à feu sa mère, Yahna, infirmière au CHU de la Guadeloupe, âgée de 39 ans. Toutes deux étaient à bord de la voiture de la victime, garée devant le centre commercial Destreland, à Baie-Mahault.
La recherche de la vérité prime
Au sein de la salle d'audience, la priorité de tous est de faire émerger la vérité.
Il faut que vérité soit dite, soit sue et la justice prendra sa décision.
Sur les faits, il y a tellement de versions qui ont été exposées, que j'attends du débat public la lumière qui pourra être portée, à la fois dans la communication réelle et dans la communication informelle, pour véritablement me faire personnellement une idée.
Un premier couac est survenu, moins d'une heure après le début du procès : deux témoins importants manquaient à l'appel. L'avocate de la défense estime que "leur présence est indispensable à la manifestation de la vérité". Cet incident a donné lieu à une courte suspension de séance, d'une vingtaine de minutes.
La matinée a été consacrée à l'audition de la directrice d'enquête et des experts en balistique et médicaux. Ses spécialistes ont apporté des précisions, pour déterminer les causes et les circonstances de la mort de la mère de famille. La trajectoire de la balle a été étudiée.
Durant la pause déjeuner, Me Roland Ezelin s'est exprimé. Pour lui, la thèse d'un acte prémédité semble s'éloigner.
Il peut y avoir une explication accidentelle.
Rien n'est définitif, pour autant. Les hypothèses sont avancées et étudiées.
Une hypothèse de la défense a été jugée plausible, par le docteur en charge des constatations et qui a réalisé l'autopsie du corps de la victime : l'adolescente aurait pu être sur la banquette arrière, tandis que sa maman aurait été à la place du conducteur, selon Me Ezelin.
La cour a aussi tenté de faire le tri, entre les différentes versions des faits avancées par la mineure accusée, expliquait Maître Jenny Morvan :
Il y a eu, à un moment donné, une constance, une évolution, notamment de ce qui s'est passé à l'intérieur de la voiture.
L’après-midi a été consacré à l’examen des faits et à l’audition des principaux témoins : notamment la tatie, que la prévenue indique avoir appelée quelques minutes avant le drame. Le petit ami devait aussi être entendu ; celui à qui Jade devait remette l’arme appartenant à son père, un Glock 25 non déclaré. Malheureusement, le garçon a fait faux bond.
Les éléments matériels et les premiers témoignages n'ont pas permis, aux protagonistes du procès, de se faire une idée précise et définitive de ce qui s'est passé, le 6 juillet 2020, sur le parking du centre commercial de Baie-Mahault, selon Me Ezelin :
Dans ce que nous avons entendu aujourd'hui, non, pas spécialement. Non. Surtout que la présidente nous a projeté une audition, en garde à vue, qui a pu interpeler. Je ne dis pas plus, parce que ce sont quand même des débats qui sont couverts par le huis clos.
A l'inverse, Me Morvan juge la journée très positive et instructive :
Bien sûr ! Vous savez, quand un dossier est instruis, c'est technique. C'est vrai que il y a les faits, il y a le drame, il y a tout ce qui tourne autour mais, au fur et à mesure, c'est comme un puzzle, les pièces commencent à s'imbriquer et le dessin se fait voir.
Demain, les psychologues notamment prendront le relai. Il s'agira, pour eux, de présenter le portrait de la jeune fille incriminée.
Plusieurs versions des faits
L'arme utilisée, le jour du drame, était un Glock 25. Elle appartient au père de Jade.
Sa mère est décédée deux jours après avoir reçu une balle en pleine tête.
Pourquoi un tel acte, irréparable, est survenu ? Difficile de le savoir.
Durant l'enquête, menée par les services de police judiciaire, Jade a donné pas moins de six versions différentes, pour expliquer ce qui s'est passé.
Durant les trois jours que durera le procès à huit clos, le tribunal pour enfants statuant en matière criminelle, composé d’un juge professionnel et de deux juges civils, devra déterminer les circonstances de ce matricide. Pour quelle raison la balle est partie ? S’agit-il d’un accident ou y a t-il eu préméditation ?
L’adolescente risque 18 mois de prison, dans la première hypothèse et 20 ans, si sa culpabilité est reconnue.
L'avocate de la défense explique très justement que cette affaire ne peut laisser personne indifférent :