Quand les détenus de Fond Sarail témoignent de la vie carcérale

Les détenus du centre pénitentiaire de Baie-Mahault dénoncent un manque total de considération de la part de la direction de l'établissement. Leur parole n'est pas écoutée, selon l'Observatoire international des prisons. Et c'est en partie ce qui a déclenché la mutinerie de juillet dernier. 
Alors que les gardiens de prison sont toujours mobilisés pour réclamer de meilleures conditions de travail, plus de moyens et l’installation d’une nouvelle prison, le mois dernier, dans sa revue, l’Observatoire international des prisons (OIP) publiait un article sur les origines de la révolte à la prison de Baie-Mahault.

En juillet dernier, une mutinerie avait, en effet, éclaté au centre pénitentiaire de Fond Sarail suite à des opérations de fouilles. Mais selon l’OIP, l’absence d’écoute des détenus était aussi à l’origine de la grogne.

Témoignage d'un prisonnier

"Nous étions en colère car nos effets personnels ont été saccagés, ce jour là. C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase… Nous avons refusé de rentrer dans notre cellule en revendiquant nos droits mais c’est comme si nos paroles n’avaient aucune valeur"… Voila un extrait d’un courrier que l’un des mutins avait adressé à l’Observatoire internationale des prisons.
Dans cette missive, il dépeignait un quotidien très sombre : "j’ai aussi revendiqué le droit d’être nourri et dénoncé le manque d’activité" expliquait-il et mettait en avant les difficultés de communication avec la direction. "Nous voulions discuter avec eux, ils ne se sont pas présentés. On voulait juste se faire entendre" conclut-il.

Les détenus demandent à être entendus

En 2014 déjà, 208 détenus avait adressé une pétition au directeur pour l’insalubrité et les violences carcérales dues à la surpopulation... Ils réclamaient un espace pour exprimer leurs doléances et éviter les conflits. Mais le juge des référés avec opposé un refus de principe à cette requête.
Et pourtant, selon l’OIP, Fond Sarail gagnerait à consulter régulièrement les détenus. En Guyane, cette mesure a entraîné une baisse des phénomènes de violence.
Aujourd’hui, chez nous, seul le quartier où est accueilli une trentaine de détenus volontaires sur les 710 que compte la prison échappe à ce climat de tension. En échange d’un suivi scrupuleux du règlement, les prisonniers bénéficient d’une plus grande liberté et d’avantages, par rapport à la détention classique.