Quand Dothémare était une terre plantée en canne

Il n’a fallu que 20 ans pour que les terres de Dothémare/Providence deviennent la zone d’aménagement concertée voulue par la ville des Abymes. Sous les yeux des planteurs qui travaillaient ces terres, un monde nouveau en est sorti

 
A 85 ans, Jean Moulin est un un témoin privilégié de tous ces changements. Agriculteur, il faisait partie de ceux qui y faisaient pousser la canne. Tous la considéraient comme très riche pour cette culture. Mais, les plans de la ville des Abymes étaient bien différents pour cette zone de Dothémare/ Providence. Et malgré leurs combats, ils les ont vu se transformer en la zone économique d’aujourd’hui. Et pour arrondir les fins de mois, quelquefois, ils y ont même participé.

Il y a de cela 72 ans, en 1946, la construction de l’aéroport du Raizet démarre. Les jeunes sont engagés par la mairie et Jean en fait partie. Pour lui, ce fut le début de la  construction de nouveaux bâtiments mais aussi, de la destruction des champs de canne à sucre. À l’habitation Malmaison, au Raizet et à Boisripeaux, c’est plusieurs hectares de champs de canne qui sont abattus.

 Yo pa té dwèt fè sa 


Pour autant, Jean Moulin ne faisait pas parti des syndicats ligués contre la mairie des Abymes  mais il n’appréciait pas pour autant cette décision. En 1996, le combat continue, Eric Nelson, président du syndicat agricole demeure ferme sur sa position
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Selon Jean Moulin, les Abymes avaient les plus belles terres cultivables de la Guadeloupe. La canne à sucre, auparavant transportée sur les voies ferrées près de son domicile, est aujourd’hui moins sucrée, moins savoureuse. Et la transformation de l’un des poumons agricoles de la Guadeloupe lui a semblé extrêmement rapide.
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Pour Jean Moulin, ces constructions ont porté un profond coup à l'agriculture. Il ne comprend toujours pas pourquoi l’aéroport et les autres infrastructures n’ont pas été édifiés dans la partie de la Grande Terre où les terres sont beaucoup moins arables.
« Presque fâché » de tous ces bouleversements, Jean Moulin ne voit pas d’un bon œil l’avenir de la canne à sucre en Guadeloupe. Moins entretenue et donc moins considérée, il constate que la richesse de la Guadeloupe se perd. Aujourd’hui, la zone économique de Dothémare/Providence est devenue le second poumon économique de la Guadeloupe après Jarry.