Quel retentissement, en Guadeloupe, de la condamnation du policier meurtrier de George Floyd, aux Etats-Unis ?

La Guadeloupe se réjouit de la condamnation, mardi, du policier meurtrier de George Floyd, par le tribunal de Minneapolis, aux USA. Un verdict historique contre le racisme, même si le chemin reste long, pour que le respect des droits des Noirs soit réalité, selon les observateurs Guadeloupéens.

"Coupable !"
L'ancien policier blanc Derek Chauvin a été jugé coupable, mardi 20 avril 2021, de trois chefs d'inculpation : meurtre aux deuxième et troisième degré, ainsi qu'homicide involontaire du tristement célèbre George Floyd.

Souvenez-vous : le mercredi 25 mai 2020, à Minneapolis, l'afro-Américain George Floyd a été assassiné, par l'ex-policier blanc Derek Chauvin, sous l'oeil d'un téléphone portable, dont les images ont fait le tour du monde et provoqué une vague d'indignation.
Durant 8 minutes et 46 secondes, Derek Chauvin a maintenu son genou sur le cou du père de famille, pourtant déjà à terre, sur le dos, avec les mains menottées dans le dos. George Floyd est mort asphyxié.

Il faudra attendre au plus deux mois, pour connaître la peine qui sera infligée à l'ancien policier, par le juge. Le meurtrier risque jusqu'à 40 ans de prison.

Un meurtre qui a choqué le monde... et la Guadeloupe

A l'annonce du verdict du tribunal de Minneapolis (Etat du Minnesota, aux Etats-Unis), l'assistance a laissé éclater sa joie.

Cette décision de justice sonne, pour beaucoup, comme une avancée historique. C'est, en effet, la première fois qu'un policier impliqué dans une affaire de violence, voire de meurtre, envers un homme ou une femme noir(e), est condamné, aux Etats-Unis.

Le sociologue Franck Garain parle d'une décision majeure, qui doit avoir une résonnance en France :

Toutes les sociétés qui se sont construites autour de l'esclavage ont des mémoires parallèles, des mémoires qui n'ont pas été apaisées.

Franck Garain, sociologue

©Lise Dolmare, Christian Danquin - Guadeloupe La 1ère

C'est aussi suite à ce énième cas que le mouvement Black Lives Matter (les vies noires comptent) est né.

En Guadeloupe aussi, le slogan de ce mouvement a été relayé, jusque sur les murs : "Je ne peux plus respirer". Il trouve son origine dans la mort de George Floyd et de Eric Garner, en 2014, dans des conditions similaires.

Graff de l'échangeur de Destrellan, à Baie-Mahault

Comme partout ailleurs, sur le globe, des manifestations avaient été organisées, dans notre archipel, pour dénoncer ce crime odieux, perpétré par un soi-disant homme de loi.

 

Le début d'une nouvelle donne aux Etats-Unis ?

Cette condamnation va-t-elle modifier le système de pensée, au sein des pays édifiés sur un passé esclavagiste ?

Le moment, quoiqu'il en soit, est important, pour le citoyen engagé Brother Jimmy, qui fait un parrallèle entre cette affaire qui a eu lieu aux Etats-Unis, et celle qui concerne Claude Jean-Pierre, en Guadeloupe :

En Guadeloupe, ça nous fait plaisir, parce qu'on a tous été émus par ce qui est arrivé à George Floyd. Mais on a tous été émus aussi par ce qui est arrivé à M. Claude Jean-Pierre.

Brother Jimmy, militant anti-racisme

©Lise Dolmare, Christian Danquin - Guadeloupe La 1ère

Pour autant, tout ne changera pas du jour au lendemain, selon le politologue et vice-doyen de la faculté de droit et sciences économiques de l'université des Antilles, Didier Destouches :

Il y a une réforme de la justice à mener aux Etats-Unis et une réforme du droit en vigueur, dans les Etats.

Didier Destouches, politologue

©Lise Dolmare, Christian Danquin - Guadeloupe La 1ère

Le verdict de cette semaine est à remettre dans son contexte de promesse de démocratie, selon Me Hubert Jabot, vice-président de la Ligue des droits de l'homme, en Guadeloupe :

Si ce crime n'avait pas eu cet impact planétaire, je ne suis pas sûr qu'on aurait eu ce résultat aujourd'hui.

Me Hubert Jabot, vice-président de la Ligue des droits de l'homme, en Guadeloupe

©Lise Dolmare, Christian Danquin - Guadeloupe La 1ère

 

Une affaire qui doit faire écho, en France ?

D'aucuns pourraient faire un parallèle entre cette affaire George Floyd est d'autres qui ont cours en France.

Des manifestations de militants sont régulièrement organisées pour dénoncer de mauvais traitements infligés par les forces de l'ordre.
Des faits qui ne concernent pas exclusivement des personnes Noires. On se souvient, par exemple, du cas de Cédric Chouviat, livreur blanc mort après avoir dit aux policiers qui l'interpellaient "J'étouffe", le 3 janvier 2020, à Paris.

En Guadeloupe, certaines affaires de violences policières présumées n'ont pas encore abouti.
C'est le cas de celle qui concerne la mort de Claude Jean-Pierre, à laquelle Franck Garain et Brother Jimmy faisaient référence, plus haut. Ce père de famille âgé de 67 ans a été hospitalisé, au CHU de la Guadeloupe, suite au contrôle routier de gendarmerie du 21 novembre 2020, dans le bourg de Deshaies. Il a succombé, le 3 décembre 2020, à ses blessures, jugées troublantes par ses proches, dont une double fracture des cervicales. 
La mort de Didier Assor reste aussi sans suite. Ce schizophrène de 45 ans a reçu 7 balles, tirées par un gendarme, alors qu'il était retranché dans une maison de Trois-Rivières, armé d'un coutelas, le 15 décembre 2017.

Enfin à Paris, l'affaire Michel Zecler, du nom de ce Martiniquais passé à tabac par des policiers, le 21 novembre 2020, fait à nouveau couler de l'encre. L'un des trois policiers mis en examen pour "violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique", avec le racisme notamment comme circonstance aggravante, avait sur son téléphone portable un montage vidéo abject de la mort de George Floyd. On peut y lire, en légende "Quand tu dégonfles ton matelas en fin de soirée". Une révélation faite par l'émission "Envoyé spécial", sur France 2.

A Lire : Tabassage de Michel Zecler : "Envoyé spécial" révèle un montage se moquant de la mort de George Floyd dans le téléphone de l'un des policiers mis en examen