Rencontre avec Christian Anténor-Habazac, Guadeloupéen résilient par nature

L’ingénieur, désormais à la retraite, Christian Anténor-Habazac, a fait de sa maison un modèle de refuge, en Guadeloupe. Paisible et agréable, par beau temps. Solide et fiable, en cas d’intempéries. Les risques naturels sont sa passion.
©Nadine Fadel


Vivre avec les aléas

 
  • La maison
Montre-moi où tu habites et je te dirai qui tu es… Cela fonctionne avec le maître des lieux.
Démonstration, en visitant son antre, en cours de construction mais qui, en réalité, ne sera jamais finie ; un homme comme le propriétaire trouvera toujours quelques améliorations à y apporter !

Nous sommes à Trois-Rivières. La vue, plongeante sur l’Atlantique, est à couper le souffle. Bonjour la Désirade, Marie-Galante, Terre-de-Haut et… la Dominique (aujourd’hui, il fait beau) ! A nos pieds, s’épanouit le jardin créole ; les fruits du matin sont à portée de main.

Allons voir à l’intérieur. Point de porte à battants ! Que des ouvertures coulissantes, surtout pas étanches à l’air !
Climatiseur dites-vous ? Pas besoin de cela ! La ventilation est naturelle et il fait bon dedans.
Ici, l’eau potable, filtrée dans un dispositif digne de la station spatiale internationale. Là, l’eau de pluie, récupérée dans la citerne et chauffée à l’énergie solaire.
Du gaz ? Oui. Deux bouteilles, à l’extérieur de la maison, en attendant d’en fabriquer… à partir de la fosse septique.
Dans ce grand placard, il y a tout ce qu’il faut pour survivre six mois durant, si nécessaire : conserves, produits de première nécessité, outils, etc.
Et, dans ce coin, le système qui prend le relai, quand l’électricité est coupée. Il alimente les lumières et écarte tout risque de perdre ce qu’il y a dans le réfrigérateur.

La maison de « Géo Trouvetou », en somme.
Un modèle dont devraient s’inspirer tous les habitants de l’archipel guadeloupéen, territoire soumis à tant de risques naturels (cyclones, séismes, tsunamis, mouvements de terrain, inondations, éruptions volcaniques).
 
  • Le propriétaire
Mais qui habite ce refuge ? Christian Anténor-Habazac, Guadeloupéen de 69 ans, qui vit en accord avec la réalité de son territoire.
Il l’édifie lui-même, patiemment, d’une astuce à l’autre. Et il n’est pas pressé !
Depuis le 1er février 2016, il est à la retraite. Enfin… autant que cet hyperactif peut l’être !
Car, pour continuer de partager ses connaissances scientifiques, l’ancien ingénieur du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et ancien directeur adjoint de l’Observatoire volcanologique et sismologique de la Guadeloupe (OVSG) a créé une structure**, qui lui permet d’animer des conférences, à destination du grand public.

Dans la continuité du travail de Michel FEUILLARD, l'ancien directeur de l’OVSG

Son sujet de prédilection : la prévention des risques naturels.
« Géo » est son surnom, pour les intimes. Une référence à « Géo Trouvetou », l’inventeur prolifique de la « Bande à Picsou », créé en 1952 par Carl BARKS, pour les studios Disney.
Comme « Géo Trouvetou », Christian Anténor-Habazac maîtrisait, dès son plus jeune âge, l’art de farfouiller, d’expérimenter et d’observer son monde.
 

Portrait d’un passionné, non avare de son savoir

 

A six ans, j’ai vécu mon tout premier cyclone : Betsy (le 11 août 1956). Mon grand-père m’a emmené avec lui, pour découvrir toutes les conséquences de ce phénomène.

Ainsi a débuté sa passion, pour les sciences de la terre, à commencer par les cyclones, qu’il a très tôt cherché à comprendre et à étudier.
Un intérêt ensuite conjugué à un autre : celui pour les appareils électroniques. Christian Anténor-Habazac est, depuis l’enfance, radioamateur et a toujours aimé bricoler, fabriquer et dépanner… jusqu’à devenir ingénieur.
C’est en 1976, que la Soufrière l’appelle à elle : après l’éruption, Christian vient renforcer l’équipe de l’Observatoire volcanologique et sismologique de la Guadeloupe (OVSG). Il fera carrière dans cette structure, jusqu’au poste de directeur-adjoint. C’est ainsi qu’il est devenu un spécialiste des sciences telluriques (tremblements de terre et volcans).

Comment pouvait-il ne pas être résilient !

Christian Anténor-Habazac, par le biais de sa structure GéoSphère, multiplie les occasions de rappeler à la population pourquoi elle doit entretenir la mémoire collective et la culture du risque, héritées des aïeux.
La société « GéoSphère » a été créée le 1er juin 2016… 4 mois après sa mise à la retraite. « Géo » pour GEOlogie, GEOgraphie, GEOchimie… et « GEO Trouvetou » !
Pour aller plus loin :
A découvrir aussi le Tutoriel, proposé par Christian ANTENOR-HABAZAC, sur le Blog des experts de la plateforme sur les risques naturels, Alerte Guadeloupe :
« TUTO : renforcer son volet roulant, pour qu’il résiste aux vents violents ».