Les défis de Saint Martin pour un retour à l'équilibre

Comme partout ailleurs, Saint-Martin doit faire face à une importante crise sociale. En cause, l'épidémie de Covid-19 qui survient au moment où l'économie reprenait son souffle après le passage de l'ouragan Irma. Pourtant, malgré des signes visibles de la crise certains veulent encore y croire

Deux catastrophes économiques à surmonter : Irma, puis, la pandémie...

Derrière les murs de ce bâtiment, une réalité prégnante. Dans des locaux en partie vétustes, l’association "Le Manteau" tente depuis des années de redresser des vies de femmes abîmées par la violence, ou de personnes en grande précarité. Mais la crise sanitaire et le chômage ont fait naître de nouveaux besoins. 

Audrey Gil, Directrice de l’association Le Manteau

L’an dernier, près de 3.200 colis alimentaires et 1500 repas ont été distribués aux familles et aux SDF de l’île. Le Centre d’hébergement et d’insertion oeuvre aussi en faveur des personnes âgées et handicapées, perdues dans les formalités administratives.

Angela Vilsaint-Dracon

Si "Le Manteau" dispose d’hébergements pour les femmes en situation d’urgence,  il en va tout autrement pour l’autre sexe. A Concordia, la Croix-Rouge ouvre ses portes trois fois par semaine. Elle propose douche, vêtements, kits d’hygiène et collation à ceux qui n’ont plus rien. Mais les hommes n’ont pas de lieu pour se mettre à l’abri.

Ketty Karam, présidente de la délégation territoriale de la Croix-Rouge

Bien qu’essentielle, cette action sociale reste encore peu relayée par les politiques publiques. Dans sa communauté de Quartier d’Orléans, Jacqueline Gadet combat une sorte d’éducation de l’échec portée par certains éducateurs, qui empêche les jeunes de se projeter vers l’excellence.

Jacqueline Gadet

D’un bout à l’autre de la chaîne, des acteurs, souvent désintéressés, contribuent à apaiser un climat qu’ils se sentent parfois trop seuls à trouver préoccupant.

Une crise sanitaire qui s'ajoute à la crise économique

A Saint-Martin,  il n’y pas de couvre-feu. Mais avec l’épidémie de Covid-19, l’île du Nord affronte une épreuve qui accentue ses difficultés économiques et sociales.

Angèle Dormoy, présidente de la CCISM, la Chambre consulaire interprofessionnelle de Saint-Martin

Principal pilier de l’économie saint-martinoise, le tourisme est en panne depuis les restrictions de circulation anti-Covid. Un quatrième coup, après l’ouragan Irma, le mouvement contre le PPRN, et contre les contrôles aux frontières suite à la pandémie.

Michel Vogel, président de la FIPCOM, Fédération interprofessionnelle du patronat de Saint-Martin

Compliqué d’embaucher alors que plus de 35 pour cent de la population active recherchaient un emploi en 2018.  En plus, des entreprises sinistrées après Irma peinent à profiter aujourd’hui des aides du gouvernement pour faire face à la crise sanitaire.  

Sandrine Jabouley-Delahaye, conseillère de la FIPCOM

La crise économique pourrait aussi se nourrir du partage de l’île entre une collectivité française d’outremer, et un territoire hollandais. Philipsburg attire bien plus de touristes et d’investisseurs que Marigot, au prix d’une politique sociale et de règles plus souples. Une coexistence porteuse de malentendus.  

Julien Gumbs

L’économie devra aussi faire face à un tournant démographique. Selon une projection à l’horizon 2030, plus d’un quart des Saint-Martinois aura moins de quinze ans. Et dix pour cent des habitants, plus de 65 ans.

Les obstacles ne manquent pas, mais les raisons d’espérer des lendemains meilleurs non plus

Après avoir forcé à sa reconstruction, l’ouragan Irma s’invite encore dans le développement de Saint-Martin. Le plan d’aide aux entreprises s’est étiré jusqu’à l’an dernier; Empêchant du coup certaines entreprises de profiter des mesures actuelles liées à l’épidémie de Covid. Les fermetures et leur lot de chômage font craindre une bombe sociale à retardement. Mais tout n’est pas perdu pour les entrepreneurs.

Sandrine Jabouley-Delahaye, conseillère de la FIPCOM

Lueur d'espoir, l'économie numérique. Ce secteur en plein boom a de plus en plus besoin de talents. Des diplômés certes mais une solide formation, qui fait défaut à de nombreux jeunes sur l’île, n'est pas indispensable pour réussir.

Farid Ichène, président de l’association ANIS, Association Numérique Innovation Sociale

Et tant qu'à se battre aux poings pour affronter la vie et relever les défis, autant que le combat soit encadré. Un ancien champion développe ici l'éducation à la boxe en milieu scolaire, au collège Mont dés Accords. Une action qu’il prolonge sur les plages pendant les grandes vacances. Et apparemment les participants en ont bien besoin.

Philippe Arendell-Drelin, éducateur

Pour pouvoir surmonter les crises du passé et la situation d'aujourd'hui, un peu de "fighting spirit" ne sera pas de trop...