Elisabeth Borne répondait à une question de BFMTV, qui a publié une série d'échanges par courrier entre les parents de l'adolescent d'origine guadeloupéenne qui s'est suicidé le 5 septembre à Poissy (Yvelines), le proviseur de son lycée et le rectorat de Versailles.
"Il est incompréhensible que vous puissiez laisser un adolescent subir une telle violence verbale et psychologique dans votre établissement sans réagir d’une quelque manière, aussi allons-nous déposer plainte et vous considérer comme responsable si une catastrophe devait arriver à notre fils", exprimaient les parents du jeune Nicolas, dans un courrier adressé au Rectorat. Ils expliquaient également avoir déposé une main courante.
Le rectorat de Versailles avait qualifié d'"inacceptables" des propos des parents qui auraient "remis en cause" l'attitude des personnels de l'établissement scolaire, selon la lettre mise en ligne sur le site de BFMTV.
Enjoignant aux parents d'adopter une "attitude constructive et respectueuse" à leur égard, le courrier du rectorat leur rappelait par ailleurs les risques pénaux d'une dénonciation calomnieuse, à savoir cinq ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende.
Pour Elisabeth Borne, "il y a eu manifestement défaillance sur le type de réponse adressé à des parents qui étaient extrêmement inquiets". "Evidemment c'est choquant", a-t-elle ajouté.
La cheffe du gouvernement a rappelé qu'une "inspection permettra de savoir comment un courrier aussi décalé a pu être transmis".
"Ce courrier est une honte, une honte", a déclaré Gabriel Attal sur le perron de son ministère, ce samedi.
Il avait annoncé début septembre une enquête administrative pour faire la "lumière" sur les faits de harcèlement scolaire dont avait été victime ce garçon, mais aussi sur la gestion de cette affaire par les services de l'Éducation nationale.
La justice a ouvert une enquête pour rechercher les causes de la mort et le parquet de Versailles avait alors indiqué à l'AFP qu'il fallait "rester à ce stade très prudent" sur les liens entre le suicide de l'adolescent et les faits de harcèlement.
La Première ministre a souligné samedi (16 septembre) que le plan qu'elle entend présenter pour lutter contre le harcèlement vise à ce qu'"on soit beaucoup plus attentif à la parole des enfants". Ce qui "passe aussi par une formation de tous les adultes en contact avec les enfants pour bien comprendre la douleur qu'ils peuvent ressentir", a-t-elle dit à BFMTV lors des journées du patrimoine à Matignon.
Le harcèlement à l'école, qui toucherait un élève sur dix, a été érigé en priorité absolue du gouvernement pour l'année scolaire 2023-2024, après le suicide au printemps de la jeune Lindsay, 13 ans, dans le Pas-de-Calais.
Victime de harcèlement scolaire, vous pouvez composer le numéro national d’écoute au 3020.