Toussaint : nettoyage des sépultures, un secteur économique à développer ?

A la Toussaint, les cimetières de Guadeloupe sont présentés sous leur meilleur jour.
Ce mercredi, les Guadeloupéens seront nombreux à se rendre au cimetière, pour honorer leurs défunts, illuminer et fleurir leurs sépultures. Ces dernières ont retrouvé leur éclat, ces jours derniers, grâce à ceux qui se sont démenés en amont pour les nettoyer, les repeindre et les embellir. Ce sont des Jobbeurs, des artisans ou, plus rarement, des entrepreneurs. Entre tradition et développement d’un secteur économique, les choses bougent localement, dans le milieu.

En cette période de veille de Toussaint, il y a de la vie dans les cimetières de Guadeloupe. Une foule de personnes nettoie, repeint et embellit les lieux : les services municipaux s’affairent dans les allées et aux abords de ces sites, tandis que les familles prennent soin des caveaux et tombes où reposent leurs défunts.

Les familles choisissent parfois d'entretenir elles-mêmes les sépultures de leurs défunts.

Et puis on trouve aussi des personnes pour qui cette fête traditionnelle est synonyme d’occasion de gagner des sous.
Il y a bien sûr les Jobbeurs, qui proposent leurs services aux usagers de manière informelle (activité non déclarée).
Par ailleurs, de plus en plus, le secteur se professionnalise ; ainsi, sans compter les artisans professionnels qui travaillent sur commande, certains entrepreneurs ont créé leur structure autour de ce secteur. Serait-ce une piste à développer ?

Des artisans travaillent aussi au nettoyage de sépultures, avant la Toussaint.

Les Jobbeurs des cimetières

La Toussaint est une aubaine pour les Jobbeurs ; l’occasion de mettre du beurre dans leurs épinards.

Des jobbeurs qui mettent du coeur à l'ouvrage, nettoyant des sépultures avant la Toussaint

Mais, certains d’entre eux se plaignent de dérives. Trois jeunes postés devant un cimetière de la Basse-Terre nous ont révélé peiner à être payés d’avance, voire à être payés tout court. Il leur est aussi régulièrement demandé de revoir leurs tarifs à la baisse.
Difficile pour eux, généralement des jeunes, souvent des mineurs, de négocier et de se faire respecter.

À ECOUTER/ Le reportage de Stéphanie Sérac, avec Cyliana, 13 ans, Césaire, 16 ans et Jonathan, 18 ans.

Cette formule peut-elle perdurer en l’état ?
Des voix s’élèvent pour dire que les Jobbeurs qui travaillent dans les cimetières, les mineurs en particulier, doivent davantage être encadrés, pour éviter les éventuels abus, de toutes sortes.
D’autres défendent bec et ongles cette tradition, qui veut que les jeunes s’impliquent dans une tâche au service d’autrui.

L’exemple d’une entreprise spécialisée

Nous sommes allés à la rencontre de deux jeunes Guadeloupéens : Tracy Donineaux et Ludgy Boisel, les créateurs de la société "Memory Funedj". Rentrés au pays alors qu’ils étaient à la recherche d’un emploi, ils ont décidé de devenir agents d’entretien de sépultures professionnellement ; ce, depuis 2021.

Les deux entrepreneurs proposent, tout au long de l‘année et dans l’ensemble du territoire, des abonnements, pour l’entretien des tombes et caveaux, ainsi que différents types de services adaptés aux traditions locales (fleurissement, réparations...). Ils vont même jusqu’à créer ou reconstituer des tombes traditionnelles en conques à lambi.

Tracy Donineaux et Ludgy Boisel proposent du sur mesure à leur clients. Deux exemples d'avant/après travaux.

Tracy Donineaux et Ludgy Boisel ont à cœur d’offrir les meilleures conditions de recueillement aux familles ; du sur-mesure.

À VOIR/ Le reportage de Lydia Quérin et Christian Danquin, tourné à Petit-Bourg :

L'entretien des tombes entre les mains de professionnels ©Lydia Querin et Christian Danquin - Guadeloupe La 1ère

Ce secteur professionnel est déjà très développé, dans l’Hexagone.
Il est en revanche pratiquement inexistant dans l’archipel, où le recours aux Jobbeurs et l’entraide familiale sont davantage ancrés dans les habitudes, de longue date.

Le jour J de la Toussaint, les familles trouveront des sépultures pimpantes .