Se dirige-t-on, enfin, vers la mise en place d’une Unité de traitement et de valorisation des déchets ménagers et assimilés, à la Gabarre ? Une entreprise a été désignée, lors d’un vote de la majorité des membres du Conseil du Syndicat de valorisation des déchets de la Guadeloupe (Syvade), pour la réalisation de cette tant attendue usine : le groupement dont la société Caribéenne de recyclage SARL est mandataire. Cette délibération remonte au 5 novembre dernier.
Le marché correspondant concerne la conception, le financement, la construction, puis l’exploitation de l’Unité ; ce, moyennant un coût total de 96,5 millions d’euros.
Mais le projet ne répond pas aux exigences européennes, auxquelles doit se conformer l’Etat, pour contribuer financièrement.
Bientôt la fin de l’enfouissement ?
Le projet a maintes fois été avorté, ces quarante dernières années. Pourtant, il est la clé de l’arrêt définitif de l’enfouissement dans l’archipel. D’ores et déjà, le Syvade annonce pouvoir en finir avec cette méthode de gestion des déchets d’un autre temps, dangereuse pour la santé et l’environnement, d’ici 2028. Trois ans sont nécessaires pour le chantier de création de l’Unité.
Le projet du groupement représenté par la Caribéenne de recyclage SARL, selon le cahier des charges, prévoit la reprise du personnel du Syvade, ainsi que la "territorialisation de notre économie" se réjouit Dominique Biras. Il implique des entrepreneurs locaux et prévoit le développement de l’insertion. 32 emplois sont prévus ; des centaines d’autres travailleurs indirects seront impliquées.
Le candidat permet à des entreprises locales d’accéder à cette commande publique. Au-delà, le projet permet de répondre à une urgence : ne plus enfouir les déchets. L’enfouissement est une calamité pour la population et pour l’environnement.
Dominique Biras, président du Syvade
Un projet qui devra se passer des fonds publics ?
Le Syvade parle aussi d’une "réponse structurante à une gestion vertueuse de nos déchets, au dérèglement climatique et à l’urgence d’engager la transition énergétique".
Mais, concernant ce qu’il serait bon de faire pour préserver l’environnement, les avis du Syvade et de la préfecture de la Guadeloupe diffèrent.
Dans un courrier daté du 24 octobre dernier, le préfet Xavier Lefort dit regretter manquer d’informations techniques sur les combustibles solides de récupération (CSR). Le Comité technique prévu sur le sujet n’a pas eu lieu. Le Comité de pilotage manque donc d’éléments pour trancher quant à une éventuelle mobilisation d’aides financières publiques, nationales ou européennes.
La Palais d’Orléans de Basse-Terre prône prioritairement, conformément à la réglementation européenne, le tri et le recyclage matière des déchets, à hauteur, a minima de 70%.
Le Syvade, lui, a opté pour une part majoritaire de valorisation énergétique, à savoir la combustion des déchets pour produire de l’électricité, en l’occurrence par Albioma. "Elle pourrait contribuer à réduire le taux d'enfouissement, à développer la filière CSR et à faire progresser la transition énergétique", argumente Dominique Biras dans une réponse écrite adressée à la préfecture le 31 octobre.
Pour autant, les remarques du préfet ont bien été entendues, affirme le président du Syvade
Force est de constater que les parties ne sont pas sur la même longueur d’onde, dans la mesure où le projet du Syvade est nommé, sur certains documents, "Usine CSR" ; la combustion est donc bien la priorité du syndicat, contrairement à l’exigence de l’Etat et de l’Europe.
Or, si les fonds manquent et faute de sécurisation financière du projet, les administrés pourraient être mis à contribution, pour assumer les coûts d’investissement et de traitement des déchets, via la taxe d’enlèvement des ordures ménagères, met en garde Xavier Lefort.