Deux faussaires de 60 et 61 ans condamnés, en correctionnelle

Le tribunal correctionnel de Pointe-à-Pitre a condamné deux faussaires sexagénaires. Leur complice, réfugié en Haïti, fait l'objet d'un mandat d’amener. Tous trois ont fabriqué, falsifié et revendu près d’une centaine de certificats de nationalité et d’actes de reconnaissance de paternité.

Deux faussaires ont été condamnés, dans la matinée de ce mardi 19 octobre, par le tribunal correctionnel de Pointe-à-Pitre.
Au total, ils étaient trois hommes à opérer depuis le Moule. Ils ont fabriqué, falsifié et revendu près d’une centaine de dossiers de certificats de nationalité et d’actes de reconnaissance de paternité. Leurs clients, des ressortissants Haïtiens et Dominiquais, devaient débourser entre 500 et 6.000 euros, suivant le document demandé.

Le procès

En 2017, au plus fort du trafic des faux papiers, ils étaient connus, au Moule, comme "Papa Réchaud" et "Papa Kadhafi". 
Quatre ans plus tard, ce sont deux papis, qui comparaissent à la barre du tribunal correctionnel. 

Georges Vulgaire, 61 ans, est en chaise roulante ; la faute à un cancer de la prostate. Multirécidiviste, son casier comporte 30 mentions, "Papa Réchaud" purge actuellement une peine de 12 mois de prison, à la Jaille, pour contrefaçon de chèques.
Vient ensuite, Jean-Marc Tacita, 60 ans, le cheveu rare et gris. "Papa Kadhafi" est un ancien graphiste qui vit aujourd’hui de jobs divers.

« Mais pourquoi se lancer dans le trafic de faux documents administratifs à vos âges ? » interroge la présidente.
« J’avais plein de demandes, des gens qui étaient envoyé par Anosnold Pierre, un Haïtien, que j’avais reconnu frauduleusement comme mon fils adoptif. Et puis, j’étais motivé par l’appât du gain et enfin j’avais jamais fait dans les faux papiers », avoue benoitement "Papa Rechaud".
« Georges est un ami d’enfance. Moi je pensais juste aider les gens, je ne percevais que 50 euros par dossier », tente de justifier "Papa Kadhafi". Jean Marc Tacita avoue ensuite que les faux documents qu’il fabriquait étaient un peu fantaisistes, « mais Georges me disait que cela allait passer ».

Au final, ce n’est pas passé. 
"Papa Réchaud" a été condamné à 3 ans, avec mandat de dépôt.
"Papa Kadhafi" écope de 18 mois, dont 12 avec sursis.
Le cas du troisième prévenu a été disjoint. Anosnold Pierre, qui servait de rabatteur auprès des communautés haïtienne et dominiquaise, est actuellement réfugié en Haïti. Un mandat d’amener a été prononcé, à son encontre.

Premiers soupçons en août 2017

L’affaire a débuté à la fin du mois d’août 2017, par un signalement de la Préfecture de la Martinique, qui constate une recrudescence des demandes de certificat de nationalité française, déposées dans plusieurs mairies de Guadeloupe.
Ces demandes présentent plusieurs anomalies : un fond blanc, des motifs bleu blanc rouge, un tampon différent, une majuscule mal placée et la signature d’un fonctionnaire du tribunal d’instance de Pointe-à-Pitre, muté deux ans plus tôt. 
Au total, 68 dossiers douteux sont identifiés.

Trois malfaiteurs identifiés

L’enquête est relancée quelques mois plus tard, avec l’interception de deux passagers, à l’aéroport de Port-au-Prince, en Haïti, porteurs de faux papiers français.

Les écoutes téléphoniques vont permettre de remonter jusqu’à Anosnold Pierre. Ce ressortissant haïtien, installé à Sainte-Marguerite, au Moule, occupe la fonction de rabatteur. Il va permettre aux enquêteurs d’identifier les deux autres compères du trio.
Il y a d’abord Georges Vulgaire, surnommé également papa Réchaud. Il fait figure d’organisateur. C’est d’ailleurs lui qui établit une fausse reconnaissance de paternité, pour Anosnold Pierre.
C’est également lui qui a trouvé le faussaire : Jean-Marc Tacita, un ancien graphiste, surnommé papa Kadhafi.

Au cours de l’instruction, ces hommes avaient reconnu les faits qui leur étaient reprochés, tout en minimisant le nombre de dossiers traités et le montant des gains.