Le saviez-vous ? La Guadeloupe est dotée, depuis fin 2022, d’un Centre d’examen de santé (CES) géré par la Caisse générale de Sécurité Sociale (CGSS) de la Guadeloupe et de Saint-Martin. Installé au Centre d’activité Antillopôle, aux Abymes, il est le premier établissement de ce type crée en Outre-mer, pour une centaine existant sur le territoire national. Le site est dédié aux personnes éloignées du système de santé et fragilisées (sans emploi, étudiants, jeunes retraités, sans médecin traitant, sans complémentaire santé…). Ces publics peuvent y bénéficier d’un examen de prévention en santé personnalisé, totalement pris en charge par l’Assurance Maladie.
"L’objectif est de réinscrire l’assuré dans un parcours de soins coordonné", explique la CGSS. 2000 patients ciblés ont déjà été accueillis par l’équipe pluridisciplinaire qui intervient sur place (dentistes, médecins, infirmiers, etc.).
Des bilans complets gratuits
Des bilans complets sont gratuitement opérés au CES, au cours des deux heures que dure l’examen, entre consultations, soins, prises de sang et divers dépistages.
Des conseillers prévention en santé sont chargés de sensibiliser et informer les personnes sur les dispositifs d’aide de l’Assurance maladie auxquels elles pourraient prétendre. Nous travaillons également avec un questionnaire, qui nous permet d’avoir une évaluation globale de la situation, tant administrative, que sociale et médicale de la personne pour, ensuite, construire un parcours le plus approprié pour elle.
Coralie Deglas, médecin responsable du CES
La prise en charge médicale et paramédicale suit.
Agnès a été adressé par une assistante sociale, tandis que Emeric a été dirigé par l’association agrée Objectif Insertion.
C’est France Travail qui m’a envoyée vers une assistante sociale. Elle m’a proposé d’aller faire ce bilan complet. C’est un besoin d’un accompagnement et de partager aussi !
Agnès, quinquagénaire, aide-soignante au chômage
Je suis venu faire un bilan de santé, pour voir si je n’ai pas un souci. C’est important. Ils pensent à nous quand même.
Émeric, 18 ans.
Ce parcours peut faire l’objet d’un suivi, pour vérifier la mise en œuvre des préconisations voire, si nécessaire, d’ateliers collectifs, pour renforcer les prises en compte des comportements favorables à une meilleure santé.
Les patients de Marie-Galante ne sont pas oubliés, puisqu’une convention a été signée avec le centre hospitalier de Sainte-Marie, pour proposer les mêmes services sur place. Un déploiement identique est envisagé pour la zone basse-terrienne, ainsi que pour Saint-Martin.
Zoom sur les besoins spécifiques des agriculteurs
Une offre de cette structure de prévention concerne spécifiquement aux exploitants agricoles et aux retraités de l’agriculture.
En effet, depuis le deuxième trimestre 2024, le Centre d’examen de santé leur propose une évaluation complète de leur santé, elle aussi intégralement prise en charge. Ce parcours s’avère d’autant plus nécessaire que cette population particulière présente des risques, notamment en matière de contamination par le Chlordécone. Des dépistages sanguins sont prévus, à leur intention.
En Guadeloupe, les exploitants agricoles recourent peu aux soins. Ils travaillent beaucoup, ils ne prennent pas forcément le temps de prendre soin d’eux et de leur santé. Donc on va vers eux, pour les inciter à prendre ce temps pour eux. Nous avons reçu, à ce jour, plus de 150 exploitants agricoles (...). Nous avons eu des résultats Chlordécone positifs. C’est perçu comme une fatalité. Il faut savoir qu’un dosage positif n’est pas irréversible.
Coralie Deglas, médecin responsable du CES
Une information claire et des conseils sont alors délivrés.
En suivant rigoureusement les conseils d’alimentation, on sait qu’on peut négativer le taux.
Coralie Deglas, médecin responsable du CES
Les patients concernés peuvent être orientés vers des ateliers, au sein de structures mobilisées sur le sujet. Les sols de leurs jardins créoles peuvent aussi être expertisés.
Un chiffre édifiant à retenir : quatre Guadeloupéens sur dix retardent, voire renoncent à leurs soins, faute de budget, ou à cause des longs délais d’obtention d’un rendez-vous.