L'affaire a été conclue par la justice le 29 juin dernier. La justice en ne considérant que les éléments de droit, a estimé que le fils avait raison puisque, formellement, le bien lui appartenait. Dura lex, sed lex
Pourtant, une conclusion sans morale de l'histoire. Une histoire qui, justement, a souffert du manque de morale.
Mais pour comprendre l'histoire, il faut remonter dans le passé, lorsque Lucia Foix avait toute sa vigueur de jeune aide-soignante dans l'Hexagone. Une époque où, parmi ses enfants, Claude est le plus proche. Très proche.
Quand vient le temps de penser à prendre sa retraite, elle choisit de revenir en Guadeloupe. Elle réussit à louer un terrain à Valette Sainte Anne en 1980 et obtient même de pouvoir y construire une maison qu'elle achève en 1983.
Encore sexagénaire à l'époque, elle s'emploie à tout mettre en œuvre pour améliorer sa maison. Une maison pour ses vieux jours où elle reçoit ses quatre fils et qu'elle entretient au mieux pour que son bien dure et qu'elle ne soit à la charge d'aucun d'entre eux.
Elle va jusqu'à signer une promesse de vente avec le propriétaire du terrain pour que ce bien lui appartienne entièrement.
Mais le terrain doit d'abord être déclassé. Et puis, il y a toutes les autres démarches administratives.
Confiante, Lucia attend. Jusqu'au jour où elle apprend que le terrain a été vendu et sa maison avec. Et le comble pour elle c'est que c'est son propre fils, Claude qui en a fait l'acquisition.
Un bras de fer entre la mère et le fils
Dans les meilleurs scénarios, c'est à ce moment-là que la vieille dame apprend que c'est pour elle que son fils a fait une telle acquisition.
A Valette Sainte Anne, l'affaire tourne au cauchemar pour Lucia Foix. Au début, Claude tente de la faire mettre sous tutelle. Il n'y parvient pas. Il tente de s'y prendre autrement et finalement, il opte pour l'expulsion pure et simple de sa mère du logement qu'elle s'est construit. Il n'estime même pas devoir la dédommager pour cette construction, exigeant que ce soit elle qui lui paie la location d'un terrain qui lui appartient désormais.
De fil en aiguille judiciaire, on en arrive à la décision du 29 juin 2023.
Pour le tribunal, s'il est vrai que le bien appartient désormais au fils de Lucia Foix et que cette dernière doit donc en être expulsée, les demandes d'astreinte, d'indemnité d'occupation, de dommages et intérêts formulées par Claude Foix sont rejetées.
Il reste qu'un expert devra examiner l'affaire dans ses moindres détails pour préciser les droits de chacun en la matière.
L'épilogue est encore loin. On ne sait toujours pas la réelle motivation de Claude Foix mais de là à penser qu'il ait voulu devancer toute initiative de ses frères pour un tel éventuel héritage, il n'y a qu'un pas que certains n'hésitent pas à franchir.
L'ennui c'est que le scénario s'est écrit grandeur nature alors même que Lucia Foix, même affaiblie au fond d'un lit, est bel et bien vivante et est même aujourd'hui la principale et seule victime bien malgré elle, d'un film au générique duquel elle n'aurait jamais pensé voir défiler son nom.