Un mois autour de la santé sexuelle pour briser les tabous

Couple au lit
Pour la 2e année consécutive, le mois de juin est consacré à la santé sexuelle en Guadeloupe avec deux temps forts : la semaine nationale de promotion de la santé sexuelle (du 3 au 9 juin) et la semaine caribéenne de dépistage du VIH (du 24 au 30 juin 2024).

Le mois de juin ouvre une série de manifestations organisées l'Agence régionale de la santé de Guadeloupe, le centre hospitalier universitaire et le Corevih, coordination régionale de lutte contre le VIH, dans l'archipel autour de la santé sexuelle.

Tout au long de ce mois, les acteurs seront mobilisés, dans leurs locaux ou dans les quartiers auprès des populations mais aussi via leurs réseaux sociaux, pour informer sur la santé sexuelle de manière globale et promouvoir la prévention diversifiée et le dépistage du VIH et des IST.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), "la santé sexuelle est un état de bien-être physique, émotionnel, mental et social en matière de sexualité, ce n’est pas seulement l’absence de maladie, de dysfonctionnement ou d’infirmité. La santé sexuelle exige une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, ainsi que la possibilité d’avoir des expériences sexuelles agréables et sécuritaires, sans coercition, ni discrimination et ni violence. Pour atteindre et maintenir une bonne santé sexuelle, les Droits Humains et Droits sexuels de toutes les personnes doivent être respectés, protégés et réalisés".

Il s’agit donc d’une approche globale de la sexualité qui se veut positive et ne se limite pas aux aspects sanitaires. Une approche qui pourrait permettre de parler de sexualité en toute transparence. Car en Guadeloupe, cela reste un tabou, regrette le docteur Maxime Marquet, médecin au centre gratuit de dépistage et de diagnostic du VIH et des IST. 

Le problème du tabou c'est quelque chose qui fait partie de la sphère de l'intimité, donc c'est totalement normal qu'on ait du mal à en parler. Mais le fait de ne pas en parler, ce sont des gens qui vont souffrir dans l'intimité, qui vont souffrir de maladies parce qu'ils ne vont jamais se faire dépister. Or, la sexualité, il n'y a rien de vraiment très dangereux en soi tant que l'on se fait dépister et qu'on prend en charge les choses rapidement. 

Dr Maxime Marquet

Pour les autorités, parler de sexualité de façon positive pourrait permettre d'éliminer de l'équation l'aspect honte, car "les personnes qui ont honte ne parlent pas", explique le Dr Marquet.

Pour le professionnel de santé, il est essentiel d'œuvrer sur le plan de l'éducation et faire fi des idées reçues. 

Quand on parle d'éducation à la sexualité, les parents vont avoir très rapidement peur que le fait de parler de manière positive de sexe, cela va amener les enfants à avoir une sexualité débribée. Toutes les études ont démontré que c'est l'inverse qui se passe. Cela va retarder, par exemple, la date du premier rapport. Cela permet de comprendre et de rendre les choses importantes. Cela peut rendre la première fois importante. Cela permet aussi aux enfants d'avoir des repères en se disant "j'en ai discuté avec mes parents ou avec un professionnel de santé, donc si j'ai des problèmes, je peux aller les voir".

Dr Maxime Marquet

Cela peut aider à prévenir le silence que s'imposent certaines victimes de viols ou de violences sexuelles.

La semaine caribéenne de dépistage du VIH est l'autre versant de ce mois autour de la santé sexuelle.

Ces 7 jours sont un temps fort pour les acteurs du département pour renforcer les actions de dépistage au plus près des populations mais aussi pour communiquer sur l’importance du dépistage VIH comme pilier majeur de la riposte contre l’épidémie VIH.

En effet, le recours au dépistage permet un diagnostic précoce, une meilleure prise en charge et une diminution importante du risque de transmission.

En matière de prévention, le préservatif a beaucoup été mis en avant, ces dernières années. S'il est important, il n'est qu'un moyen de se protéger. Le dépistage en est un autre. 

Pour toutes les infections sexuelles qui existent, il y a des solutions. Pour le VIH, c'est un peu plus compliqué, mais il y a quand même des solutions qui permettent à des personnes qui ont contracté le VIH de vivre normalement mais il faut qu'elles prennent un comprimé par jour, comme quelqu'un qui aurait de l'hypertension ou du diabète. Et une fois qu'elles sont traitées, elles ne transmettent plus le virus. En matière de sexualité, il n'y a pas de gravité si on est pris en charge rapidement. 

La peur du résultat peut freiner certaines personnes qui ne se font alors pas dépister. 

Le Docteur Maxime Marquet, médecin au centre gratuit de dépistage et de diagnostic du VIH et des IST était l'invité de Julien Babel dans le Grand direct du 4 juin 2024, à 13 heures sur Guadeloupe La 1ère radio : 

Les différentes actions organisées ce mois-ci sont disponibles sur le site du Corevih