Une crise sanitaire mais aussi sociologique avec des conséquences psychologiques

Troubles anxieux, troubles dépressifs, peurs, tendances suicidaires, de nombreux troubles mentaux ont fait leur apparition depuis le début de la pandémie. Pour venir en aide à la population et aux soignants qui sont en 1ère ligne, a été activée

La CUMP 971, la Cellule d’Urgence Médico-Psychologique existe depuis une vingtaine d'années en Guadeloupe, mais elle n'est pas opérationnelle en permanence. 

La CUMP est un dispositif qui est déclenchée lors des catastrophes incluant un grand nombre de décès avec un retentissement émotionnel fort et des perturbations sur le plan social ; ça c'est très important à souligner que nous ne sommes pas là en permanence.

Patrick Racon, coordinateur de la CUMP Guadeloupe/Saint Martin et Saint Barthélemy

La CUMP a par exemple été déclenchée en 2017, après le passage de l'ouragan Irma à Saint Martin. 
Concernant la pandémie de COVID, elle a été activée une première fois l'an dernier lors du premier confinement pendant quelques mois, et elle a été réactivée le 9 août dernier lors de la quatrième vague.

Les psychologues de la cellule vont à la rencontre des professionnels de santé, qu'ils travaillent de jour ou de nuit 

Nous nous déplaçons beaucoup dans les services et dans les unités pour aller accompagner les personnels soignants. C'est un travail qui est très important puisque nous n'avons jamais connu autant de décès. Le fait d'être soignant ne protège pas des angoisses et de tout cela.

Patrick Racon, coordinateur de la CUMP Guadeloupe/Saint Martin et Saint Barthélemy

Des angoisses que les professionnels de la CUMP retrouvent au sein de la population.

La population en général, c'est beaucoup d'anxiété, beaucoup d'angoisse liées pour beaucoup à la perte d'êtres chers : dans les familles on peut retrouver plusieurs défunts ; plusieurs générations sont touchées.

Dans le rapport à la mort qui est quand même avec beaucoup de ritualisation, il y a aujourd'hui, quand même, une diminution voire une évacuation de ces outils qui permettent un tant soit peu de retrouver son équilibre psychologique.

Vous savez chez nous, le mort a quand même une place centrale. Il y a beaucoup d'élans de solidatité lors d'un défunt, il y a un regroupement familial; les gens du quartier accompagnent les gens...

Il y a toute cette dimension symbolique, spirituelle et aussi culturelle, qui disparait, qui rend  encore la souffrance beaucoup plus importante.

On peut aussi trouver une situation où la famille ne peut pas voir le défunt, ça aussi c'est insupportable et intenable. 

Patrick Racon, coordinateur de la CUMP Guadeloupe/Saint Martin et Saint Barthélemy

Et pour aller au bout de leur mission les écoutants participent deux fois par semaine à des débriefings émotionnels, des séances d'échanges avec des confrères ou consoeurs psychologues moins exposés. 
Ils ont également le soutien chaque semaine d'une dizaine d'infirmiers psychologues-médecins venus en renfort de l'hexagone.

La CUMP est joignable tous les jours (du lundi au dimanche) pour la population via la plateforme Riposte au 0 590 99 14 74 et au 0 590 89 19 01 pour les professionnels de santé.