Une étude confirme l'impact du chlordécone sur les espèces aquatiques des rivières et leur trop lente décontamination

Les résultats d'une nouvelle étude en Martinique font froid dans le dos. Les analyses confirment une fois de plus la contamination au chlordécone des écrevisses dans les rivières polluées. Mais surtout, la décontamination de ces espèces ou des ouassous présents en Guadeloupe est très longue.

L'étude a été menée sur l’écrevisse à pinces rouges. Une thèse réalisée par Thomas Baudry, étudiant en biologie à l’université de Poitiers et des Antilles, encadrée par cinq chercheurs. Ils se sont penchés sur le potentiel de bioconcentration et de dépuration dans la partie consommée du crustacé. Résultat, même après 20 jours de décontamination, la concentration en chlordécone dans le muscle de l'écrevisse reste supérieure à la limite maximale autorisée.

C'est en Martinique que les 6 chercheurs français ont décidé de mener leurs expériences. Ils ont choisi d'observer le Cherax Quadricarinatus, appelé communément l’écrevisse à pinces rouges, une espèce invasive sur l'île sœur. Ils se sont concentrés sur quatre sites, trois sont contaminés et un est défini comme sain. Les résultats montrent une corrélation positive entre la concentration en chlordécone dans l'eau et celle mesurée dans le muscle d'écrevisses capturées dans la nature. 

Une contamination très rapide et une décontamination beaucoup trop longue

Il a également été constaté que la bioconcentration, soit la capacité à capter la molécule est très rapide et continue. Car, dès 6 heures d'exposition, la chlordécone est détectée dans le muscle, peu importe son niveau de concentration. 

Les scientifiques ont également cherché à décontaminer le muscle de l'écrevisse, soit la partie consommée. Et là, le résultat est édifiant. Même après trois semaines de décontamination, les concentrations en chlordécone restent supérieures à la limite maximale résiduelle. 
Il faut patienter 50 jours pour atteindre le seuil autorisé de 20 microgrammes. Une durée beaucoup trop longue et non viable économiquement. 

Le constat pour le ouassous de Guadeloupe est le même

Pour Soizic Lemoine, enseignante, chercheuse en éco-toxicologie à l’université des Antilles, la situation est encore plus problématique en Guadeloupe, notamment pour les ouassous des rivières. 

Soizic Lemoine, enseignant, chercheur en éco-toxicologie à l’université des Antilles