Une infirmière d'origine antillaise dénonce une agression raciste à Bayonne et dépose plainte

La jeune femme s'en est sortie avec un jour d'incapacité totale de travail. Elle a un coquard sous l'œil droit et plusieurs hématomes sur le corps.
Emilie a été poursuivie en voiture, puis violemment agressée et volée à un feu rouge, par deux hommes, à Bayonne, le 26 décembre dernier, en pleine nuit. Elle dénonce aussi le peu de considération que lui ont témoigné les policiers appelés sur place ; sans appeler les pompiers, ils lui ont conseillé de se rendre aux urgences par ses propres moyens. La jeune infirmière d’origine antillaise a porté plainte.

L’affaire a été révélée par nos confrères de France Bleu Pays Basque et France 3 : une infirmière d’origine antillaise s’est dite victime d’une agression raciste à Bayonne. Insultée, gazée et frappée, elle a porté plainte au commissariat pour"agression avec arme" et "vol simple".

Pour la soutenir, le collectif antifasciste "Ipar Euskal Herria" organisait hier (mardi 31 décembre 2024) un rassemblement, aux Halles de Bayonne, afin de ne pas laisser "ces actes sans réponse".

Une altercation pour un jet de mégot de cigarette ?

Les faits remontent à la nuit du jeudi 26 décembre 2024.

Émilie (appelons-la ainsi pour préserver son anonymat), habitante d’Anglet âgée de 29 ans, était en voiture avec sa petite sœur. Toutes deux rentraient chez elles, vers 2h00 du matin, quand elles ont remarqué qu’un véhicule les suivait depuis Biarritz jusqu’à Bayonne ; celui de leurs agresseurs. À un feu rouge, deux hommes en sont sortis.
Ils ont justifié l’altercation par le jet d’un mégot de cigarette, quelques kilomètres plus tôt ; ce que reconnaît la victime.

Il me demande si je n'ai pas honte de polluer, raconte l'infirmière de 29 ans. Je lui réponds qu'il roule en Mercedes et donc que c'est osé de me faire des leçons d'écologie. Je pense qu'il n'a pas supporté que deux femmes, qui plus est, noires, lui répondent.

Émilie, plaignante

 

Agression physique présumée

Dans son récit, Emilie explique que l’un des hommes en est rapidement venu aux mains.

Il avait décidé d'en découdre, il est descendu de la voiture avec une bombe lacrymogène. Alors il me gaze, et me dit "Tire-toi de là, sale noire". Je voyais la haine dans son regard (...). On ne peut pas se faire agresser comme ça, gazer, frapper, pour un simple mégot de cigarette.

Émilie, plaignante

Voyant sa sœur au sol, embrouillée par le gaz lacrymogène, Emilie se serait alors élancée pour la défendre. C’est alors qu’elle aurait reçu un coup de poing en plein visage.

Les malfaiteurs seraient alors partis, emportant les clefs de voiture des deux victimes et les laissant sur la chaussée. C’est une passante qui a donné l’alerte.

Une brigade de police indifférente ?

Émilie raconte ensuite sa deuxième agression, dans la même soirée. C’est en tout cas ainsi qu’elle considère sa prise en charge par les policiers dépêchés sur place.

On leur a dit qu'on avait été agressées, mon visage était tout gonflé, tout tuméfié et ils n'ont même pas appelé les pompiers. Pourtant, je leur ai dit que j'avais fait un KO, que ma tête avait tapé et que j'étais complètement sonnée. Ils nous ont dit d'aller aux urgences par nos propres moyens, alors qu'on avait du gaz plein les yeux. On s'est senties agressées par deux fois, parce que cet homme nous a frappées et il nous a gazées. Mais aussi par la police parce qu'ils n'ont rien fait. Honnêtement, je pense que si on avait été blanches avec ma sœur (...) ils auraient appelé les pompiers. J'aurais pu faire un traumatisme crânien trois jours après, on n'en sait rien.

Émilie, plaignante

Une enquête est en cours, selon le Parquet ; les caméras de vidéosurveillance de la voie publique sont actuellement examinées.