La 28ème Semaine européenne pour l’emploi des personnes en situation de handicap bat son plein depuis hier (lundi 18 novembre 2024) et jusqu’au 24 novembre. Le lancement de cet évènement a eu pour décor le Pôle accueil Taobana, à Perrin (Les Abymes). L’édition 2024 s’oriente autour de la question "Handicap et parcours professionnel : comment assurer une vraie égalité des chances ?".
Plus d’une vingtaine de manifestations sont organisées dans ce cadre, en Guadeloupe et à Saint-Martin, sur plusieurs sites : webinaires, rencontres, échanges sur le handicap et l’insertion professionnelle, etc. L’occasion, dans l’archipel, de valoriser les initiatives des acteurs investis dans l’inclusion sociale et professionnelle des personnes en situation de handicap. Et, comme chaque année, le Plan régional d’insertion des personnes handicapées (PRITH) fédère et coordonne certaines actions, pour permettre à tous de voir le handicap autrement et valoriser la diversité.
Un sujet important, au regard de la proportion de personnes concernées localement.
1 personne sur 5 atteinte d’un handicap
Selon une étude menée entre 2021 et 2022, publiée par l’Observatoire régional de la santé en Guadeloupe, 16,5% de la population est touchée par le handicap ; c’est près d’un Guadeloupéen sur cinq.
Le sujet ne doit donc pas être négligé, d’autant qu’à leurs côtés d’autres personnes sont concernées indirectement, selon Gaëlle Lacoma, inspectrice du travail en charge de la mission politique "handicap et emploi" à la Direction de l'économie, de l'emploi, du travail et de la solidarité (DEETS).
Dès lors qu’on parle de handicap, on parle forcément des aidants. L’idée est vraiment, avec des formats de sensibilisation, d’aller vers les employeurs et de leur faire comprendre que, oui, le handicap est un sujet, mais il y a des acteurs là pour les aider à mobiliser des dispositifs d’insertion, d’accompagnement, d’accessibilité. À terme, l’idée est de voir comment on peut augmenter le taux d’emploi de personnes, certes, autrement capables, mais qui sont compétentes, comme des personnes considérées comme valides.
Gaëlle Lacoma, inspectrice du travail à la DEETS
Car le constat est là : les entreprises n’embauchent toujours pas assez de travailleurs handicapés, localement.
On a 95% des entreprises, ici, qui sont très petites.
Gaëlle Lacoma, inspectrice du travail à la DEETS
Si l’embauche de personnes en situation de handicap n’est pas dans leur priorité, ni dans leurs obligations, il s’agit donc de faire un focus sur ces travailleurs potentiels.
Un voisin, un parent, un proche peut être concerné. Il ne s’agit pas forcément juste de tendre la main. Mais c’est en termes de compétences recherchées qu’on peut se dire : "C’est la personne qu’il nous faut"
Gaëlle Lacoma, inspectrice du travail à la DEETS
Le vocabulaire associé à ces travailleurs, dans le cadre des actions de sensibilisation de la DEETS, est donc composé de mots valorisants : "compétences", "performance", "savoir-faire", avec un handicap.
Tout moun sé moun an Gwadloup ! Donc nous pouvons tous prétendre à un horizon professionnel.
Gaëlle Lacoma, inspectrice du travail à la DEETS
L'exemple d’une malentendante qui ne demande qu'à s'insérer
Christelle Sabin a 49 ans. Malgré ses diplômes, cette personne malentendante depuis la naissance, a du mal à s’intégrer dans le monde du travail. Face à elle, les personnes ont encore des préjugés.
J’ai commencé mon parcours en apprenant la langue des signes dans une association. J’ai donc passé des examens, comme le CAP, le Bac professionnel. L’année dernière, j’ai passé aussi mon BTS en commerce. Il y a toujours cette difficulté d’appréhension, de discrimination, d’orientation et d’intégration dans les entreprises.
Christelle Sabin, malentendante
Christelle, pourtant, ne se laisse pas abattre. Elle a tenu à témoigner, dans le cadre de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes en situation de handicap, pour lutter contre l’image erronée que se font les employeurs.
Pour rappel, en cas de non-respect de l’obligation d’emploi de travailleurs handicapés (à temps plein, ou à temps partiel), les entreprises s’exposent au versement d’une contribution financière annuelle à l'Association de gestion du fonds pour l'insertion des personnes handicapées (Agefiph). Une obligation qui ne concerne, dans le privé, que les structures de 20 salariés et plus, dans une proportion de 6 % de l'effectif total.