Après le gros coup de filet de lundi, dans une vaste affaire de trafics présumé d'armes et de stupéfiants, les gardes à vue se poursuivent et d'autres interpellations ont eu lieu. L’enquête se concentre principalement autour de l’Ice Palace, un club privé et cabaret de Jarry, à Baie-Mahault.
L'enquête avance, dans le dossier, qui prend de plus en plus d'ampleur, de trafic présumé de drogue et d'armes, qui a donné lieu au démantèlement d'un réseau vraisemblablement très organisé. Un premier coup de filet a en effet eu lieu, lundi 18 janvier 2021, dans cette affaire.
On devrait en savoir davantage, vendredi, à l’occasion de la venue de Renaud Gaudeul, en Guadeloupe. Le patron de la Juridiction interrégionale spécialisée, en charge du dossier, a prévu de donner une conférence de presse.
En attendant faisons le point sur les premières avancées de l'enquête...
D'autres protagonistes présumés inquiétés
De nouvelles interpellations ont eu lieu, mardi matin, au Gosier et, hier soir, à Morne-à-l’Eau, sans que l’on sache exactement leur nombre précis.
De nouvelles arrestations qui viennent s’ajouter aux 25 déjà réalisées, lundi.
Toutes les capacités logistiques des forces de l'ordre ont été mobilisées, dans cette opération.
Les gardes à vue se poursuivent sur trois sites différents : au Morne Vergain, siège de la police judiciaire, mais également au Morne Miquel et à Saint-Claude, côté gendarmerie.
Les premières auditions permettent également de mieux cerner les contours de ce dossier, aux multiples ramifications.
Le trafic de stupéfiants
Dans cette affaire, il est notamment question de trafic international de stupéfiants. Il serait désormais question de 240 kilos de cocaïne, qui auraient été transportés de Pointe-à-Pitre, vers Paris, par conteneur, sur un vol Air Caraïbes. Un transport rendu possible, grâce à l'implication présumée de plusieurs personnels travaillant sur la plate-forme aéropourtuaire. Un employé d’Assistair Cargo, une société de fret aérien, basée à l’aéroport Guadeloupe - Pôle Caraïbes, est actuellement en garde à vue.
Eddy Dampa, directeur général, dément vigoureusement toute implication de sa société dans ce trafic et précise que l'employé fait l'objet d'une procédure de licenciement.
Par ailleurs, un superviseur fret, salarié de la société aéroportuaire, a lui aussi été mis en garde à vue ; il a depuis été relâché.
Contacté, Alain Bièvre, président de la Société aéroportuaire indique ne pas vouloir faire de commentaire sur l'affaire mais il précise que si les faits sont avérés, la SAGPC n'exclut pas de se porter partie civile.
Le trafic d'armes
Concernant la partie trafic d'armes, les sources corroborés évoquent des fusils à pompes, mais également des munitions pour des armes de poing.
En revanche, les armes de guerre de type Kalachnikovs, un temps évoquées par certains, ne sont pour l’heure pas confirmées, par ses mêmes sources.
L'Ice Palace plaque tournante d'un réseau de trafiquants ?
C’est autour de l’Ice palace, boite de nuit de la zone industrielle et commerciale de Jarry, à Baie-Mahault, que l’essentiel de l’enquête tournerait.
Les policiers soupçonnent le patron de cet établissement, Damien Jacob, d’être à la tête d’un vaste trafic d’armes, de cocaïnes, ainsi que d’herbe et de résine de Cannabis. Cet homme fait partie des personnes actuellement en garde à vue.
Plusieurs autres personnes de son entourage professionnel et familial seraient également impliquées... et dans le collimateur de la justice : des enfants de bonne familles et des membres de la communauté syro-libanaise de Pointe-à-Pitre, avec des ramification en Martinique, en Guyane, à Saint-Martin et à Sainte-Lucie.
Les stupéfiants et armes introduits sur le territoire auraient permis d’achalander les principaux gangs de Guadeloupe.
Le prix de la revente des armes, s'élèverait de 3.000 à 6.000 euros.
Une partie de la poudre blanche aurait également alimenté le marché hexagonal.
Le club de strip tease aurait servi à la fois de lieux de stockage des stupéfiants et des armes, avant leur mise en vente, mais peut être également à blanchir l’argent de ce commerce illicite.
Ce seraient plusieurs dizaines de kilos de cocaïnes, des centaines de kilos d’herbe et des armes en nombre, difficilement quantifiables, qui auraient été écoulés au cours des deux dernières années.
Mode opératoire présumé
Les armes et les stupéfiants, principalement en provenance de Sainte-Lucie et de Saint-Martin, auraient transité par la Dominique ou Antigue, avant d’être acheminés vers la Guadeloupe.
La voie maritime aurait été privilégiée par les trafiquants présumés ; ils auraient véhiculé leurs marchandises, à bord de bateaux ultra-rapides, type cigarettes.
Les arrivées auraient eu lieu sur plusieurs rivages guadeloupéens, particulièrement dans le Nord Grande-Terre, mais également à Baie-Mahault et Capesterre-Belle-Eau.
Les grandes manifestations, comme la Fèt A Kabrit de la Désirade, ou le festival Terre de Blues à Marie-Galante, auraient permis de faciliter le trafic. Sous couvert de transport de stars, des produits auraient été introduits dans les embarcations, avec l’assurance de ne pas être contrôlés.
Déjà en 2015, un rapport faisait état de l’instauration d’un marché d’armes, sur notre territoire. L'August Monday, à Anguille ou la Chiken and beer, à la Pointe Sable, en face de Petit-Canal, par exemples, auraient servi de lieu de rencontres aux trafiquants locaux et internationaux. A l’époque, ce rapport avait même estimé le chiffre d’affaire généré, par trimestre, à environ 500.000 euros.
« La Société Assist ’Air Cargo est totalement étrangère aux actes reprochés à l’un de ses salariés récemment mis en cause dans une affaire de trafic de stupéfiants et armes.
La société a enclenché une procédure de licenciement pour faute grave à l’encontre du salarié et se portera partie civile si l’affaire venait à être portée par devant le Tribunal »