C'est l'hôpital Bernard Mevs, un des principaux hôpitaux de la capitale haïtienne qui cette fois a été pris pour cible, dans la nuit de lundi à mardi. Selon une source proche de l'établissement, l'incendie n'a pas fait de victime mais a détruit les quatre salles d'opération, le laboratoire, les deux scanners et les bureaux de l'administration de l'hôpital.
Les assaillants sont des membres de gangs appartenant à la coalition "Viv ansanm" (vivre ensemble) qui a utilisé des cocktails Molotov pour mettre le feu à l'établissement.
Un impact considérable sur le secteur médical
"C'est tout un symbole qui est parti en fumée", a déploré la même source, soulignant que l'impact de cette attaque sur l'offre médicale dans la capitale sera considérable.
Les hôpitaux doivent rester des sanctuaires de soins et d'espoir, et jamais des cibles de violence.
Organisation Zanmi Lasante
Cet établissement privé, connu pour disposer des technologies d'imagerie médicale parmi les plus performantes du pays, joue un rôle clé dans le secteur médical à Haïti, pays pauvre des Caraïbes confronté à la violence endémique de gangs armés et à l'instabilité politique.
Grâce à un partenariat avec l'Etat, les policiers s'y font soigner. L'hôpital accueille notamment des étudiants en médecine de tout le pays et offre des soins à toutes les catégories de la population sans distinction.
Avec la destruction de cet hôpital de référence dans le pays, l’accès aux soins de santé sera beaucoup plus difficile, dans un contexte où le pays fait face à une crise humanitaire. L’Hôpital Bernard Mevs est l’énième hôpital à être ravagé par des bandits armés. L’Hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti, Saint François de Sales, Asile Français ont été tous attaqués, vandalisés et pilles par les gangs armés.
Daniella Saint-Louis, journaliste G@zette Haïti News
Une insécurité croissante
Cet incendie survient dans un contexte d'insécurité croissante à Port-au-Prince, où des attaques des gangs ont eu lieu dans plusieurs quartiers depuis plus d'un mois. Début décembre, au moins 184 personnes ont ainsi été tuées au cours d'exactions ordonnées par un "puissant chef de gang" contre des "pratiquants du culte vaudou", d'après l'ONU et une ONG locale.
L'arrivée cet été d'une mission multinationale d'appui à la police haïtienne, menée par le Kenya et soutenue par l'ONU et les Etats-Unis, n'a pas permis de diminuer les exactions des groupes armés, accusés de nombreux meurtres, viols, pillages et enlèvements contre rançon. Ces derniers s'en prennent également à des bâtiments importants et ont notamment provoqué en novembre la fermeture au trafic commercial de l'aéroport de la capitale.