Le virus West Nile (VWN), dit aussi fièvre du Nil occidental, est responsable de la mort d’au moins trois chevaux, en Guadeloupe. Cette maladie a été détectée dans l’archipel dès 2002 ; la contamination concernait déjà des équidés, à l’époque. Puis les épidémies se sont succédé.
Puis, début août, pour la première fois, un homme a été infecté, localement.
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Les éleveurs de chevaux inquiets
Un des animaux décédés était un pensionnaire du Centre équestre La Martingale. Il a été touché par le VWN alors qu’il était "en vacances" sur un autre site, à Goyave.
Pour autant, les équipes de La Jaille, à Baie-Mahault, sont vigilantes, pour prévenir tout nouveau drame.
À La martingale, on a mis plusieurs mesures en place. On essaie de lutter au maximum contre la propagation des moustiques... de tout temps mais, là, en période de virus, encore plus. On utilise des produits répulsifs, des couvertures pour certains chevaux et on reste assez vigilants. On connaît nos chevaux, on sait quand ils vont bien, quand ils ne vont pas bien. On prend la température des chevaux, qui est un signe d’infection (...).
Benoît Bonfils, président de l’association équestre La Martingale
Les bêtes fragilisées sont davantage à risque. Mais aucune n’est véritablement à l’abri du virus, ni de complications post-infection.
Ce n’était pas du tout un cheval fragilisé. C’était un cheval en bonne santé. C’est ce qui est malheureux : ça peut toucher tous les chevaux. Il faut savoir que dans le territoire, il y a à peu près 1500 équidés. À ce jour, on a recensé uniquement 5 à 6 cas graves, voire mortels (...).
Benoît Bonfils, président de l’association équestre La Martingale
La plupart des chevaux porteurs de cette fièvre du Nil Occidental sont asymptomatiques. Leurs propriétaires ne se rendent même pas compte qu’ils sont touchés par le virus.
Reste, dans les cas fatals, la peine de perdre un compagnon.
C’est vrai que la perte d’un cheval, c’est toujours compliqué, toujours douloureux. Il faut savoir qu’on passe à peu près 3 à 4 heures par jour avec nos chevaux ; c’est presque un membre de la famille, plutôt qu’un animal.
Benoît Bonfils, président de l’association équestre La Martingale
Cette problématique est l’occasion de pointer du doigt un manque qui se fait sentir, en Guadeloupe : l’archipel ne dispose pas de vétérinaire spécialisé équin.
Il y a de grosses difficultés, dans la filière équine, en Guadeloupe, en effet. On a des vétérinaires "de campagne", qui font un peu de tout (bovin, équin, chat, chien, etc.). Mais on manque vraiment de spécialiste. On a réussi, de temps en temps, à faire venir des spécialistes de l’Hexagone, 3 à 4 fois par an. Ça permet de soigner certaines maladies qu’ont nos chevaux. Ils viennent avec du matériel, par exemple de radiologie, qu’on n’a pas sur place ou qui ne fonctionne pas.
Benoît Bonfils, président de l’association équestre La Martingale
Un virus sous haute surveillance.
Le VWN est considéré "comme le deuxième flavivirus le plus répandu, après celui de la dengue", selon l’Agence régionale de santé Guadeloupe/Saint-Barthélemy/Saint-Martin (ARS). Et, comme la dengue, il est essentiellement transmis par les piqûres de moustiques infectés, notamment aux Hommes.
Les insectes ont, eux, hérité de ce fléau en piquant un oiseau migrateur.
Il s’avère que les personnes et les animaux, même s’ils sont porteurs de la maladie, ne peuvent pas en être eux-mêmes des vecteurs vers d’autres individus.
Le virus est très surveillé, localement, notamment par la Direction de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (DAAF). Afin d’évaluer son niveau de circulation virale, plusieurs enquêtes ont été menées dans les centres équestres de l’archipel.
Cette année, c’est à Lamentin qu’un premier cas de cheval infecté a été identifié.
Le 12 juin, un vétérinaire a été appelé à Lamentin pour intervenir sur un équidé qui présentait des signes neurologiques, une hyperthermie aussi, une baisse de l’appétit, une ataxie. Une prise de sang a été réalisée. Elle a été envoyée au laboratoire du CIRAD et, après confirmation au niveau laboratoire de référence à Maison Alfort, le West Nile a été trouvé et le cas a été déclaré positif.
Aurélie Lebon, cheffe de Pôle santé et protection des animaux, des végétaux et de l’environnement à la DAAF de Guadeloupe
Depuis, d’autres cas ont été décelés, dans différentes communes de l’archipel. Le territoire en compte actuellement une quinzaine.
Dans la plupart des cas, l’animal va guérir en 20 à 30 jours. Après sa guérison, il va avoir une immunité active sur le long terme. Malheureusement, dans certains cas, lorsque l’animal présente des signes cliniques vraiment importants qui, parfois, ont des conséquences, comme des chutes, il y a eu des morts.
Aurélie Lebon, cheffe de Pôle santé et protection des animaux, des végétaux et de l’environnement à la DAAF de Guadeloupe
Le virus West Nile est dit "à déclaration obligatoire". Ainsi, tout cas connu par un vétérinaire ou un laboratoire doit être remonté à la DAAF.
Le traitement préconisé est simplement une "thérapie de support", par rapport aux signes cliniques présentés par l’animal.
"La vaccination marche très bien", précise Aurélie Lebon. Des doses ont été commandées par les vétérinaires. Les particuliers peuvent donc en faire la demande, afin de protéger leurs animaux.
Une autre mesure est très efficace : éliminer les gîtes larvaires des moustiques.