"En ce moment critique, nous avons besoin de plus de fonds. Nous avons besoin de plus de personnel pour soutenir et réaliser les objectifs de cette mission", a déclaré le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, lors d'une conférence de presse tenue dans la capitale haïtienne Port-au-Prince jeudi, ajoutant en français : "Nous sommes avec vous !".
État d'urgence étendu à tout le pays
Le déplacement de M. Blinken intervient, selon Washington, à un "moment crucial" pour Haïti, qui connaît des violences sans répit couplées à une grave crise humanitaire, économique et politique. Le gouvernement haïtien a étendu mercredi l'état d'urgence dans l'ensemble du pays.
Le secrétaire d'Etat américain a rencontré le coordinateur du Conseil présidentiel de transition, Edgard Leblanc Fils, ainsi que le Premier ministre par intérim Garry Conille, "pour discuter des prochaines étapes de la transition démocratique en Haïti (...) et des efforts de stabilisation menés par les Haïtiens", a indiqué mercredi le département d'Etat. Au-delà des progrès en matière de sécurité, "nous avons également besoin de voir des progrès sur le plan politique", a dit le sous-secrétaire d'Etat en charge des Amériques, Brian Nichols, ajoutant que M. Blinken ferait pression pour la tenue d'élections. Haïti n'en a plus connues depuis 2016.
Visite aux forces de police sous commandement kényan
À son programme également, une visite au quartier général de la Mission multinationale d'appui à la sécurité (MMAS), la force de police sous commandement kényan censée restaurer la sécurité dans la capitale notamment. Washington, qui ne fournit pas de troupes à cette force mais en est le principal contributeur financier et en équipements, presse ses alliés d'augmenter leurs contributions afin d'assurer la pérennité de son financement. Avec quelque 400 policiers arrivés pendant l'été sur les 2.500 prévus à terme, celle-ci tarde à se déployer, même si les responsables se félicitent qu'elle a permis de reprendre aux gangs "le contrôle d'infrastructures essentielles, comme l'aéroport international Toussaint Louverture", et de rouvrir des routes ayant permis le retour de milliers d'Haïtiens déplacés.
Des habitants épuisés et terrorisés
Mais deux mois après leur arrivée, les habitants de la capitale commencent à perdre patience face à l'absence de résultats concrets. "Les exactions des gangs se poursuivent et les bandits ne sont même pas inquiétés", assurait récemment à l'AFP, Watson Laurent, un chauffeur mototaxi de 39 ans. La venue de M. Blinken coïncide avec une panne d'électricité géante à Port-au-Prince ces derniers jours, après qu'un groupe de manifestants a pris d'assaut une centrale électrique. La violence des groupes armés a redoublé en début d'année et poussé le Premier ministre contesté Ariel Henry à démissionner.
Une visite en République dominicaine
Dans la soirée, le secrétaire d'Etat américain s'est rendu chez le voisin dominicain, qui entretient des relations compliquées avec Haïti. M. Blinken y rencontrera ce vendredi le président nouvellement réélu, Luis Abinader, quelques jours après que la République dominicaine a autorisé les Etats-Unis à saisir l'avion utilisé par le président vénézuélien Nicolas Maduro, dans le cadre des sanctions américaines imposées contre Caracas.