L'ancien secrétaire d'Etat chargé de l'Outre-mer (de mars 2008 à juin 2009), Yves Jégo, qui avait participé aux négociations avec le Lyannaj Kont Pwofitasyon (LKP), lors de la grève générale de 44 jours, en 2009, en Guadeloupe, s'est exprimé, sur les évènements récents, dans les colonnes de France Info.
"Une lecture trop métropolitaine" de la situation
Le fait de vouloir à tout prix traiter l'ensemble des territoires de la Nation de la même manière est qualifié de "défaut français", par Yves Jégo.
L'homme politique estime que "ce ne serait pas choquant qu'il y ait une spécificité ultramarine", quant à l'application des mesures sanitaires et, en particulier, de l'obligation vaccinale. Toute loi peut comporter un volet Outre-mer ; cela n'est pas nouveau, a-t-il rappelé.
Il faut adapter. Les situations îliennes ne sont pas les mêmes que les situations métropolitaines et il faut sortir de cette idée, qui est de traiter tout le monde de la même manière, qu'on soit au cœur de la métropole ou à 6000 kilomètres. Il y a une adaptation à faire et une intelligence à créer de l'adaptation pour prendre en compte d'abord ce qui est dit par les populations, les professionnels de santé et ensuite de ne pas se figer.
Par ailleurs, il prône l'écoute des revendications des manifestants. Pour lui, la crise sanitaire n'a été que le détonateur du mouvement actuel et "le sous-jacent est social et économique".
Au fond, les manifestants disent qu'il faut les écouter (...). La crise sanitaire est la partie exacerbée mais si on ne regarde pas tout ce qu'il y a en-dessous, on passe à côté de la réponse qui est attendue et j'ai peur qu'on ait un bras-de-fer dont on aura du mal à sortir.
Quelle approche pour endiguer la crise ?
Pour l'ancien membre du gouvernement Fillon, un retour à l'apaisement est nécessaire, pour l'ouverture des négociations. Dès lors, il sera nécessaire de jeter les bases d'un nouveau "modèle de développement", soutien Yves Jégo.
Tant qu'on restera sur du conjoncturel et qu'on ne posera pas sur la table un '"new deal", un nouveau modèle de développement pour les Antilles françaises, fondé sur la production, sur des mesures fiscales, tant qu'on restera sur du transfert social, on passera à côté de la réponse."
Une telle approche serait bénéfique à l'avenir de notre territoire. Dans le cas contraire, rien ne serait réglé, laisse-t-il entendre.
Si, une fois de plus, on remet le couvercle sur la marmite, je vous fais le pari que, dans quelques années, la marmite à nouveau sautera.